Lei-An… A-Lei… Mon fils… Ai-je vraiment encore le droit de te nommer de manière si familière alors que j’ai été incapable de te voir que tu étais en danger ? Que je n’ai pas été capable de te venir en aide ? Tout ce que j’ai été dans la capacité de faire, c’est organiser des groupes de recherche qui n’ont pas été en mesure de te retrouver. C’est notre connaissance commune qui t’a ramené à moi. Huǒ Yín Húdié qui m’a annoncé ta mort que j’ai moi-même dû annoncer au reste du clan… Quelle douleur cela fut pour moi de prononcer ces paroles. Sais-tu à quel point ce fut difficile pour moi de ne pas sombrer sur le coup ? Et ce n’est pas par fierté que j’y suis parvenu. Qu’est-ce que cela peut bien apporter d’avoir autant d’égo que cela ? Non… Ce qui m’a fait tenir c’est le devoir. Mon devoir de t’apporter une dernière demeure avant de te laisser reposer en paix. Les rites ont été fait, les adieux exprimés et… seulement à ce moment, je me suis effondré. Te dire au revoir ? Te laisser t’en aller vers un monde meilleur ? Ne plus t’avoir à mes côtés ? Aucun parent ne devrait avoir à subir une telle souffrance. Bien sûr, tu n’es pas mon enfant biologique, sans doute que je n’en aurais jamais vu que mon cœur a été dérobé par un homme… pourtant telle est la manière dont je te considérais… Te l’avais-je dit ? Le doute me tue. L’idée que tu puisses être parti sans même savoir combien tu étais aimé ici bas me brise un peu plus. Sans parler du reste… Je n’en peux plus… J’ai seulement envie de tout plaquer…

Il fut un moment où j’ai pensé que, pour toi qui aimait tant le clan, je ne devais pas abandonner. Dans les faits, j’avais également besoin d’un moyen de ne pas me laisser penser puisque cela me mettait dans un mal tel que je ne suis pas capable de le gérer. Surtout seul puisque je ne sais pas comment exprimer cette souffrance qui me tue à petit feu. Ainsi, me plonger dans le travail, dans la paperasse qui ne cessait d’arriver sur mon bureau, était un bon moyen à mes yeux de tenir le coup, de ne pas sombrer. Pourtant… cela m’a été également retiré. Yishi Shifu m’a interdit de prendre une seule liasse de papier qui pourrait être un tant soit peu lié au clan. Je me suis donc enfermé dans mon pavillon, ne voulant laisser personne me voir dans un tel état de désespoir. D’autant plus qu’en ayant autant de temps sans rien faire, pour m’éviter de réfléchir, j’en suis venu à me demander si je n’étais pas la cause de ta mort. Je t’aime comme un fils et, comme je l’ai dit, perdre un enfant est l’une des pires choses qui puissent arriver à un parent. Ma chance ayant été scellée, que cela soit partiellement ou non, qu’est-ce qui pourrait bien me faire croire que tu n’es pas mort à cause de cette malédiction qui ne veut pas me quitter ? Cela a fini de m’achever. Depuis, je reste seul avec mon amant. Dans ses bras, à pleurer et dormir. Je ne mange que très peu à cause de mon manque cruel d’appétit. Dès que j’avale une bouchée ou une simple gorgée d’eau, je me remets à pleurer un peu plus sans parvenir à m’arrêter. Oui… je suis tout bonnement inconsolable. Je me fais pitié et j’ai d’autant plus peur que l’on puisse me voir dans cet état. Le sommeil est également difficile… Je te vois me rendre visite. Je sais que tu as toujours été un bon garçon et que tu n’es pas du genre à haïr les autres. Pourtant, mon immense culpabilité m’amène à te voir dans mes songes, me montrant du doigt et m’accusant de ne pas être venu te sauver. Mes nuits sont, de ce fait, extrêmement courtes et peu reposantes. Mon Shushu s’inquiète grandement de mon état quand il vient me rendre visite… quand il a un peu de temps à m’accorder.
Je m’en veux de lui laisser tant de travail à accomplir et je lui ai déjà demandé de me laisser l’aider… de reprendre mes tâches… Pourtant, tout ce que j’ai obtenu est un refus on ne peut plus catégorique. Personne d’autre n’est venu me voir, à ce que je sais. Je n’arrive pas à savoir si c’est une bonne chose ou non…

De temps en temps, quand mon gardien, ami et amour n’est pas à mes côtés, je me rends sur ta stèle en haut de la montagne. J’ai beau avoir de plus en plus de difficultés à gravir la montagne, je vois cela comme une nécessité pour atteindre la rédemption à ton égard. Je me dis que si je viens te prier aussi souvent que cela m’est permis, alors je pourrais apaiser un tout petit peu mon cœur et mieux protéger ce clan que nous aimons.
Aujourd’hui est une de ces journées. Toutefois, contrairement à d’habitude, j’ai pris un autre chemin. Il est plus escarpé, moins connu, mais cela me permettra de ne pas être tout de suite rattrapé par notre médecin préféré. Il s’inquiète énormément. Peut-être même est-il le seul avec Huǒ Yín Húdié… Toutefois, je dois te rendre hommage, te demander pardon. C’est la seule chose qu’il puisse m’être permis de faire désormais puisque je ne peux même plus faire mon devoir de Zōngzhu. Je suis tout bonnement devenu totalement inutile… Qu’est-ce que je fais encore là, exactement… ?

Tout en ayant ce genre de pensées, te parlant sans cesse, les larmes roulant sur mes joues, je marche très lentement sur l’étroit chemin de terre couvert par les branches des buissons denses qui n’ont jamais été taillés et de neige. Je m’appuie de temps en temps contre le tronc des arbres gelés et trébuche sur de petites pierres sortant du sol, cachés par la poudreuse blanche. Je m’essouffle rapidement, pourtant je ne m’arrête pas. Je ne me décourage pas. C’est tout ce qu’il me reste à faire, désormais. La seule chose… Je pense que, quand il reviendra, je demanderai à Huǒ Yín Húdié de m’emmener avec lui. Que ce soit pour voyager ou m’installer chez lui… peu importe. Si je dois être un tel raté en tant que Zōngzhu, autant que je laisse ce rôle à une personne bien plus capable que moi. De toute façon, je n’ai jamais eu la prétention d’avoir les épaules pour supporter un tel devoir envers le clan. Je n’ai jamais voulu le devenir ! Je n’ai accepté que par respect pour la volonté de mon père et son envie de faire évoluer le clan. Pourtant, je reste persuadé que mes frères et ma sœur auraient été bien mieux à cette place que moi…

Pourquoi… ? Pourquoi devais-je être aussi faible… ? On a beau me dire que non… Mon état actuel et mon désespoir grandissant ne sont-ils pas la preuve que je le suis ?! Je n’en peux plus… A-Lei… Pourquoi n’ai-je pas pu te protéger pour que tu puisses profiter un peu plus de la vie ? Pourquoi ai-je donc été incapable de te montrer un peu plus combien tu es important pour moi ? Pourquoi… ?

Mon seul but est de venir te trouver. Au point que je ne fais plus attention à ce qui m’entoure depuis de longues minutes maintenant. Je ne décèle pas non plus mes propres pas crissant dans la neige, comme le son des battements de mon cœur étaient bien trop forts pour que cela soit possible. Ou le bruit de mes pensées. Je ne parviens pas à m’arrêter de te parler sans émettre la moindre parole que quiconque pourrait entendre. Je souhaite que tu puisses déceler ce qui se trouve au fond de moi si cela t’est encore possible. Bien sûr, mon but n’est pas de t’accabler. Cela serait grandement mauvais de ma part alors que je me sens comme un père pour toi. Mais voilà, j’aimerais que tu puisses savoir combien je t’aime, à quel point j'aimerais t’avoir à nouveau à mes côtés en tant que fils et… combien je regrette mon manque d’initiatives à ton égard.

Malgré la manière dont je suis enfermé dans mes pensées douloureuses, qui m’accablent et me désespèrent, je parviens à entendre la voix d’une personne derrière moi. Sur le coup, je me dis qu’un membre du clan m’a retrouvé à la demande de Yishi Shiifu. Je pensais que j’aurais un peu plus de temps, mais il semblerait que je me sois fourvoyé… Les paroles de cette personne semblent aller dans ce sens, me faisant part de l’inquiétude de mes proches à cause de mon absence. Il s’agit d’une voix plutôt douce et calme. Une voix qui pourrait ressembler à la tienne. Pourtant, quand je me retourne, je découvre une personne ne venant pas du clan. Il est de petite taille, maigre, roux, ce qui est une couleur de cheveux que j’aurais remarqué malgré mon état, qui me regarde avec des yeux aussi verts qu'une prairie pendant un après-midi d’été. Il ne porte pas l’uniforme du clan et sa tenue porte les signes d’un long voyage. Un invité. Nos maîtres sont-ils si occupés qu’ils se trouvent obligés de demander à des personnes extérieures au clan de me chercher ? Ou notre sécurité est-elle au point que n’importe qui peut aller n’importe où au sein de Yushen Buzhi ? Qu’importe la réponse, je ne l’aimerais pas. Je ne veux même pas savoir. Cela me donnerait envie de reprendre mes activités alors que mon Shushu me l’a interdit…

Pensif, je continue d’observer cet homme inconnu qui m’a nommé par mon titre. La boule dans ma gorge ne se fait que plus présente, au point de me faire mal, quand j’y pense puisqu’il s’agit également de la manière dont tu m’appelais, toi aussi. Du moins, en public.
Le regard de mon interlocuteur me blesse au point que je ne peux faire autrement que baisser le mien. Je ne peux pas supporter de constater ce qu’on peut penser de moi en ce moment. J’aurais préféré être plus fort et qu’on me laisse garder la possibilité de donner le change. Pourtant, il n’en est rien. Je suis brisé et je ne sais pas comment faire autrement désormais. A part en fuyant. M’en voudrais-tu ?

Loin de me faire des reproches que je ne pourrai que difficilement accepter venant d’une personne que je ne connais pas, c’est de l’inquiétude que je décèle dans les nouvelles paroles qui me sont offertes. Une inquiétude que Tianci, Yishi shushu et Huǒ Yín Húdié pourraient me faire part. Aussi, me tendant une main, il me propose de me détourner du but qui m’a amené là pour m’aider à retourner au sein du clan. Je peux déceler des tremblements. Les siens. Sa main est extrêmement fine. Plus que la mienne selon ma propre vision des choses. Il serait bien que lui aussi se mette au chaud. Pourtant, je ne parviens pas à me saisir de cette main tendue. Ou même à dire quoi que ce soit, ne fut-ce même qu’un doute. Après tout, je suis face à un inconnu. Je me dois de faire preuve de tenue. Hors, si je parle, je pense que je pleurerai à nouveau sans savoir m’arrêter. En tant que figure d’autorité du clan connue, je ne peux pas me permettre un tel écart face à cet invité, même si ce dernier semble connaître mon véritable état. Jusqu’où est-il au courant ?

Je ne saurais dire combien de temps passe sans que je ne lui donne la moindre réponse. De ce fait, je ne suis pas vraiment étonné par son insistance. Je le suis bien plus, écarquillant même les yeux qui remontent vers son visage, alors qu’il te nomme, prétendant te connaître en disant que tu ne m’en voudras pas si je ne vais pas tout de suite te rendre hommage. Dans les faits, je doute qu’il ait tort. C’est pourquoi, après quelques instants d'hésitation en baissant à nouveau les yeux, je prends doucement sa main en tremblant également. Pas pour la même raison que lui, bien qu’il me semble avoir un peu froid, moi aussi.
D’une voix serrée par les émotions et en peinant de ravaler mes larmes, je lui demande :



Je ne pense pas que j’aurais la force de m’offusquer ou d’insister s’il vient à ne pas me répondre. Au point où j’en suis, je n’ai juste plus envie de rien…

Notre marche est lente. La neige doit être une des raisons puisque nous nous blesserions assurément si nous venions à glisser et tomber. Aussi, si j’en crois les traces que j’ai laissées à l'aller, ma démarche n’est pas des plus assurée. Il est donc normal que nous fassions attention à nos pas, bien que cela ne soit pas vraiment l’une de mes préoccupations.
Je me demande… N’est-ce pas la première fois depuis qu’on m’a retiré toute possibilité d’occuper mon rôle que je suis quelqu’un sans vraiment broncher au lieu de continuer ma route ? Bien sûr, je porte une certaine écoute à mon Shushu. Il prend tant soin de moi et je sais que lui aussi t’aimait beaucoup. Pourtant, je ne parvenais jamais à me faire à l’idée de le suivre en sachant que ma situation resterait inchangée. Si cela est encore le cas alors que je suis cette personne, je demanderais vraiment à Huǒ Yín Húdié de m’emmener avec lui après que j’eus nommé mon remplaçant dans une forme de testament.

N’appréciant pas de ne pas connaître mon interlocuteur et, donc, la manière dont je devrais m’adresser à lui, je lui demande son identité. La réponse ne tarde pas et le nom donné me dit vaguement quelque chose. Rien qui soit récent à vrai dire. Plus… comme le souvenir d’un personnage venant d’une histoire qu’on me racontait quand j’étais petit, je dirais. Yuàn Sīzhuī… Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un beau nom, tu ne trouves pas. Je pense que tu l’aurais adoré.
Après quelques instants, il ajoute être un ami de Hei’An, un ami que je n’ai pas rencontré depuis un moment maintenant. La dernière fois que j’ai parlé avec lui, il m’annonçait que sa situation allait drastiquement changer puisqu’il allait quitter son poste aux côtés de l’empereur et il m’apprenait ce nom qui était le sien. Il m’a fait savoir qu’il ne le donnait qu’à des personnes de confiance, donc que je ne devais pas le dévoiler. Ainsi, je peux avoir la certitude qu’il a eu le bénéfice de cet homme, tout comme Yù et toi par le passé.

Plus rapidement que je n’aurais pu l’estimer, ou que je n’ai fait l’aller, nous arrivons au sein du clan. Cela me semble quelque peu étrange de ne pas voir autant d’agitation qu’habituellement. Peut-être que, cette fois, ils n’ont pas voulu alarmer tout le monde ou que le secret a été bien gardé. Je soupire doucement, faisant naître quelques nuages blancs qui disparaissent bien rapidement. Nos pas se dirigent maintenant vers le pavillon des invités. Je m’interroge d’une voix lasse :



Dans la mesure où il est sans doute venu me trouver à leur demande ou en proposant son aide parce qu’il a été mis au courant de ma disparition, je me demande pourquoi il ne cherche pas à les mettre au courant. Ah… A moins qu’il ne veuille me mettre au chaud avant cela. Ce n’est pas une mauvaise chose, bien que j’en sois grandement détaché…

Il semblerait que je ne sois désormais plus en mesure de réfléchir ou de tenir le clan. La preuve en est que je ne suis pas parvenu à prendre en compte que la personne m’accompagnant est un invité et qu’il n’aurait pas dû se promener de la sorte au sein de Yushen Buzhi. Au point que s’en est étonnant que nous n’ayons pas été arrêtés par qui que ce soit. Ah… Au point où nous en sommes, ce n’est sans doute plus important. Me réveiller maintenant pour remettre l’invité en place n’est pas vraiment nécessaire. De plus, cela n’en serait que plus douloureux puisque je prendrais à nouveau pleinement conscience de ma position au sein du clan, de mon impossibilité de penser à autre chose qu’à mon fils décédé… Je préfère cet état dans lequel je suis pour le moment. Pas que je souffre moins. Toutefois, au moins, je n’ai pas à me heurter aux autres qui veulent me voir me reposer encore et encore. Qui sait quand ils me laisseront reprendre mes fonctions comme je l’ai souhaité ? Aujourd’hui, je ne parviens pas à voir le moment où je redeviendrai comme avant. Je me sens si seul…
Que cette personne veuille me parler ne m’étonne guère. Après tout, je suis connu comme étant le Zōngzhu. Qu’on veuille me parler dans ce cadre n’est pas quelque chose de surprenant en soi. Je n’ai donc plus qu’à écouter ce qu’il a à me dire une fois que nous serons installés dans le pavillon des invités. J’espère seulement que cela ne sera pas en rapport avec le… Si. Forcément que cela sera une affaire qui touche le clan. Sinon, pourquoi voudrait-on me rencontrer ? Ah… Yishi Shushu va encore me passer un savon, prétextant que je ne suis pas en mesure de m’occuper de ce genre de choses… Actuellement, je ne peux plus lui donner tort…

Je soupire en sentant la prise de notre invité sur mon bras alors qu’il déclare ne pas me laisser me défiler et que je devrais écouter tout ce qu’il a à me dire. Ce n’est pas comme si j’avais estimé cette possibilité. A vrai dire, puisque je ne souhaite pas rejoindre mon pavillon maintenant, je ne vois pas ce que je pourrai faire d’autre, à part refaire le chemin inverse pour retourner à mon occupation première. Enfin… Si j’avais la force et la volonté de me défaire de cette prise. Ce n’est pas le cas. Alors, autant le suivre et attendre qu’il entre dans le vif du sujet.

La salle dans laquelle nous entrons, celle qu’il n’aurait sans doute pas dû quitter, est celle que nous réservons pour les rencontres sensibles et les sujets qui demandent la plus grande discrétion. Je crains vivement ce qui va m’être dit, bien que je m’assieds docilement à la place qu’il me désigne. Un nouveau soupir franchit mes lèvres tant je me sens dépité…
Sur la table, placée entre deux tasses dont l’une est pleine, se trouve Suibian. Je me demande brièvement ce qu’elle fait là alors qu’elle devrait se trouver dans une salle dont l’accès est aussi restreint que celle-ci. Je sens que je n’aimerais pas la réponse, quelle qu’elle soit. D’autant plus que, si je demande, je devrais également me soucier de Changqing. Il faut que je me rappelle… Pourquoi voulais-je rester à la tête du clan déjà ? Pourquoi est-ce que je m’occupe de cette série de problèmes insolubles qui n’auront sans doute jamais de fin ?

Je peine à trouver des raisons valables. Enfin… ce n’est pas la réalité. Je peine simplement à les trouver suffisantes pour qu’elles me permettent de continuer à l’heure actuelle. C’est ma conclusion alors que la théière chaude est posée sur la table aux côtés d’une nouvelle tasse devant moi. Cela fait, les questions commencent et traitent toutes, sans exception, de mon état. Ce ne sont pas les paroles qui peuvent venir d’un invité. Je note des paroles, des savoirs, qui ne peuvent être connus d’une personne extérieure au clan, même en étant l’ami de Hei’An. Ce dernier ne connaît pas la moitié de ce qui m’est dit à l’instant. Alors… qui est cette personne. Je suis certain de ne pas le connaître, bien que le nom me soit familier. Ces questions que je me pose sur son identité m’empêchent de réfléchir aux réponses que je pourrais lui donner. Des réponses qui me font souffrir.
Puis vient l’ultime mot. Un mot qui me fait vibrer. “Père”. Une seule personne peut me nommer ainsi. Une personne au courant de tout ce qui vient d’être dit. Qui connaît ma famille. Lentement, je lève les yeux sur le plus jeune qui ne me quitte pas des yeux. Est-ce que cela peut être… ? Puis-je réellement espérer… ? Je n’ose pas… Je ne voudrais pas espérer et qu’on m’affirme que je me trompe. Je ne pourrai alors pas me relever…

Une larme m’échappe, roulant sur ma joue comme sur un chemin prédéfini que d’autres ont pris avant elle. Ma voix tremble fortement et semble vouloir s’évanouir alors que j’avoue, sans savoir si c’est une bonne chose ou non :



Sans cela, mon esprit se focalise sur ma douleur. J’entre alors dans un cercle vicieux dans lequel je suis actuellement plongé. Mes yeux se baissent à nouveau pour fixer mes mains relâchées sur mes genoux. Il me faut un peu de temps, mais je continue :



J’ai besoin d’un temps supplémentaire avant de conclure à mi-voix, ne sachant plus quoi faire :



M’ouvrir aux autres… Je n’ai jamais demandé mieux, bien que cela. Toutefois, je crains que mon état ne devienne la cause d’un plus grand malheur encore… Que ferait donc mon père à ma place ?

Evidemment, maintenant que mon père est décédé, je n’aurais jamais de réponse concrète sur la marche à suivre. Je n’aurais plus jamais le droit au réconfort qu’il m’avait offert il y a maintenant bien trop longtemps. Des retrouvailles alors que nous ne nous étions jamais réellement quittés… Cela à cause de ma manière d’être, de “fuir dans les règles” comme me disait mon Shushu… J’ai fait des efforts pour ne plus être ainsi, mais je me demande si cela fut réellement une réussite…

Un mouvement me fait légèrement lever la tête pour que, sans que mon regard ne devienne moins fuyant, je puisse voir ce qu’il se passe sur la table. Je découvre alors la tasse qui avait été déposée près de moi plus proche et fumante, certainement remplie du thé dont je peux sentir la fragrance. Une odeur grandement agréable malgré mon état d’esprit fort peu positif. Grâce à cette observation, je peux constater du coin de l'œil l’approche de mon interlocuteur qui s’installe à mes côtés. Je le laisse faire, n’ayant aucune raison valable de l’en empêcher. D’autant plus que j’aimerais croire qu’il s’agisse bien de mon fils, ramené d’entre les morts… bien que je sache cela interdit. Ne suis-je pas cruel de penser ainsi… ?
Lorsqu’il reprend la parole, je peux apercevoir l’intonation que prendrait mon fils pour essayer de m’apaiser alors que je suis meurtri alors qu’il m’offre des paroles semblables à celles de mon père et de Yishi Shushu, lorsque je n’étais encore que Zhǎngwò. Que ce rôle me pesait déjà grandement, que j’en souffrais en plus de ma malédiction alors toute nouvelle et de ma relation avec A-Lei qui n’était pas au beau fixe. Que je n’ai pas à me cacher aux autres, et notamment à ceux qui ne me considèrent pas comme étant seulement leur Zōngzhu quand nous sommes en privé. Il est vrai que je ne suis qu’un homme. Pourtant, si je viens à tomber comme maintenant, qu’arrivera-t-il au clan ? Qu’est-il en train de se faire alors que je n’ose plus regarder les autres dans les yeux ?

Maintenant qu’il se trouve à côté de moi, je ne peux pas voir ce qu’il fait ou ses expressions. Pourtant, je ne peux constater ses émois à travers sa voix. Il est une personne très expressive. Surtout quand il me demande pardon pour des raisons que pourraient, encore une fois, être attachées à mon fils. Lentement, tout en l’écoutant, je lève ma tête pour le regarder. Je ne peux alors que constater les larmes qui noient son visage. Selon lui, malgré tout, malgré l’état dans lequel je le mets, je ne dois pas me cacher ou penser que mon importance ne se trouve que dans ce rôle que je n’ai jamais réellement accepté.
L’espoir ne fait que grandir alors que je refuse de valider l’information qui s’impose à moi. J’en ai trop peur. Peur que la blessure que je ressentirai alors si je venais à me tromper ne soit trop difficile à supporter…

Pourtant, quand il se relève pour s’approcher de moi, quémandant visiblement une étreinte, je ne peux la lui refuser. Bien que je sois hagard, je la lui rends avec douceur alors qu’il me serre fort dans ses bras. Les larmes roulent de plus belle sur mon visage, tout comme les siennes sur ses joues, alors qu’il me supplie de prendre soin de moi-même et de laisser les autres me soutenir sans que cela ne soit exclusivement mon compagnon. Il s’agit d’une supplication qui vient du plus profond de son cœur. Je ne peux avoir aucun doute là-dessus…
Ce qui fini de m’achever n’est autre que l’annonce de son retour, sa manière de m’appeler “père” et sa demande de ne pas partir loin de lui. Le serrant fortement contre mon coeur, perdant une main dans ses cheveux, je me mets à pleurer contre lui.



Longuement, très longuement, je pleure ainsi. Toutefois, contrairement à d’habitude, je parviens à me calmer seul sans que cela soit à cause de mon épuisement. C’est sa présence, ta présence, à mes côtés qui me permet de me remettre lentement. Puis, d’une voix cassée mais tout de même plus vivante qu’avant, je te murmure :



Peut-être que mes efforts ne sont pas assez nombreux. Ou alors je m’y prends mal. Je ne saurais le dire. De toute façon, tout ce que je veux voir pour le moment, c’est la présence de mon fils dans mes bras, quel que soit le secret de son retour.

Je me sens pathétique, maintenant que j’ai fais part de ce qui me tracasse, que je montre ma faiblesse. Pour mon fils, je devrais être un pilier, une personne sur qui on peut compter à tout instant… Pourtant, à l’heure actuelle, il est indéniable qu’il est celui qui m’aide à me relever… Je devrais me faire pardonner pour cela aussi. Ou alors redoubler d’efforts pour qu’il puisse me voir à nouveau comme le soutien que je veux être pour lui. Un soutien… qui prend soin de lui-même également.

Mes paroles l’ont amené à me câliner plus fort pour me réconforter et éviter que je ne me brise encore une fois. Sans doute me montrer également sa présence. Tout en faisant cela, il m’apprend ce que lui-même pense avoir compris, qu’il faut continuer à essayer, à faire des efforts pour arriver au résultat que nous voulons, pour ne pas avoir de regret dans la vie. Qu’ainsi rien ne se terminera tant qu’on essaie de faire de notre mieux. C’est bien la première fois que j’entends une telle chose et… les regrets ne surviennent pas toujours par un manque d’effort. Je l’ai appris à la mort de mon père. Je regrette encore de ne pas avoir été assez présent pour lui et, puisqu’il a disparu, je ne peux plus essayer de faire de mon mieux. Cela a failli être le cas avec A-Lei… Maintenant qu’il est de retour, je compte effectivement tout faire pour qu’il comprenne combien je tiens à lui et que je veux l’aider.
C’est ainsi que je hoche doucement la tête à sa requête. Ce qui est certain, c’est que je ferai de mon mieux.

C’est à regret que je le laisse s’éloigner. Il ne le fait pas tant que ça mais, à mes yeux, cette étreinte était bien trop courte. Sans doute à cause de son récent décès, j’ai l’impression qu’il pourrait partir loin de moi très rapidement. Ou que je rêve de ce moment avec lui. Si tel est le cas, le réveil risque d’être extrêmement douloureux… Je tente pourtant de ne pas montrer mon émoi pour ne pas trop l’inquiéter, acceptant de prendre la tasse qu’il m’a servi plus tôt et qu’il me tend en m’assurant que boire un peu me fera du bien. Je lui fais confiance.
Par la suite, alors que je bois une gorgée, il se sert lui-même du thé avant de se placer face à moi, près de moi. Je me demande s’il ne s’est pas rendu compte de ma crainte. Suis-je à ce point lisible comme un livre ouvert ?



J’aimerais également lui demander s’il compte rester à mes côtés au sein du clan. Malheureusement, dans ces circonstances, je doute que cela soit possible. A vrai dire, cette option dans laquelle il part loin du clan m’effraie. Pourtant, il ne faudra pas que je l’empêche de s’en aller. Il a besoin de voler de ses propres ailes puisqu’il devient adulte et, mine de rien, je dois lui faire confiance concernant ses envies et sa protection. Je pense néanmoins à une information qu’il m’a donnée plus tôt et lui demande :



Je ne lui en voudrais pas de l’avoir fait. J’en avais besoin et je ne sais pas moi-même comment il aurait pu faire autrement. Mmh… Et maintenant que j’y pense, je devrais profiter que Lei-An soit là pour m’ouvrir et m’occuper de moi-même. Pourtant, je ne peux pas m’y résoudre… Il doit avoir tant de choses à penser avec sa résurrection entre autres. Je soupire discrètement, m’en voulant de me montrer si égoïste…

Mes questions n’ont obtenu aucune réponse après que je les ai eues posées malgré le temps laissé pour qu’il puisse avoir cette occasion. Je me dis alors qu’elles doivent être difficiles pour lui. Surtout si cela ne fait que très peu de temps qu’il est de retour. Je me rappelle également qu’il avait déjà de grandes difficultés à nous parler de ses problèmes avant sa mort, alors, maintenant, cela doit être encore pire pour lui. Je ne peux donc que lui accorder le droit de garder ce silence et, pour lui signifier que je ne lui en veux pas du tout, je lui pose une toute autre question. Celle-ci concerne mon ami puisque j’aimerais connaître la relation exacte qu’ont ces deux-là. Si je pouvais également en savoir un peu plus sur la situation de l’utilisateur de Yuan Qi, peut-être pourrai-je prétexter le fait qu’on me refuse l’accès aux affaires liées au clan pour partir en voyant, le chercher et, surtout, l’aider s’il vient à en avoir besoin. Cela me paraît être une bonne idée lorsque j’y pense ainsi.

Me sortant de cette prédiction, A-Lei m’avoue finalement que son retour… Non, son voyage jusqu’à Gusu a duré un mois. J’y vois deux réponses à ma question. Soit il est revenu peu de temps avant de partir de l’endroit où il était, soit il ne se rappelle pas du temps passé depuis. Quoi qu’il en soit, cela ne peut pas faire plus de deux mois…
Finalement, je n’en saurais pas plus sur ses problèmes, qu’ils soient des désagréments ou des soucis plus graves, maintenant. Pas qu’il ne veuille pas m’en parler du tout puisqu’il me promet de le faire lorsque je serais en mesure de faire quelque chose pour lui. Dans un murmure très bas, je le remercie. Je ne veux pas rester dans l’ignorance la plus totale, cela me blesserait un peu puisque je ne me sentirais que plus inutile que cela doit déjà être le cas.

Concernant le cas de Hei’An, je dois avouer que je ne sais pas du tout à quoi je m’attendais exactement. Le connaissant, il n’était certainement pas dans une situation stable, surtout après qu’il m’ait annoncé qu’il allait quitter l’empereur. D’autant plus qu’il est un utilisateur de Yuan Qi. Mais ça… Ce que j’entends me rappelle son maître, la cultivatrice de Yuan Qi que j’ai tué il y a de cela quelques années, et cela m’effraie un peu. Je ne voudrais pas que mon ami, l’un des rares, ne puisse être sauvé lui non plus. Heureusement, la supposition de mon fils me rassure un peu, tout comme les actions du concerné. Le fait qu’il n’ait pas tué sa victime et qu’il ne l’ait pas blessé ou maudit juste par amusement sont, relativement, de bonnes choses. Ce qui m’inquiète le plus concerne la malédiction inconnue de l’accompagnateur de mon enfant. Pensif, je passe quelques doigts sur mon cou, au-dessus des bandages cachant les marques noires que je porte depuis des années et qui résultent elles-mêmes de la malédiction dont je suis la victime.

Accompagnant Lei-An, je bois mon thé avec lenteur, pensant que mon idée de partir à la recherche de mon ami ne serait finalement pas qu’un désir vain. Avec un peu de chance, je pourrai enfin faire quelque chose pour aider mon clan et le peuple. Quoique… maintenant que j’y pense, pourrai-je vraiment y arriver avec la malchance qui me poursuit ? Mon regard s'assombrit par l’association d’idées qui s’impose à moi. Puis-je vraiment parler d’une telle chose ?
Me reconcentrant sur le véritable problème qui nous préoccupe, je regarde A-Lei qui m’avoue connaître la situation de son protégé, sans la moindre trace de colère dans ses paroles ou ses gestes, et craindre pour la sécurité de ce dernier. Je hoche doucement la tête et déclare doucement :



Je cache ma grimace dans ma tasse pratiquement vide. Mes paroles ressemblent tellement à des excuses vides de sens que je ne saurais que dire de plus sans empirer mon cas. Je soupire doucement en reposant ma tasse sur la table. Un soupir qui semble aller de paire avec celui de mon fils qui me demande si je me sens mieux et s’il peut faire quelque chose pour moi. J’y réfléchis un moment avant d’essayer de me confier d’une voix douloureuse mais moins brisée qu’auparavant :



Malgré moi et mon air calme, bien que pensif, triste pour ceux qui me connaissent bien, mes mains tremblent sur mes genoux. J’aimerais ne pas inquiéter mon enfant, lui dire que je vais bien maintenant qu’il est de retour. Pourtant, je lui ai promis de ne plus cacher mes émois et mes blessures. C’est pourquoi je fais cet effort à l’instant, bien que la peur de la manière dont il va prendre tout ce que je suis en train de lui dire et, notamment, ce qui me rend si coupable.

Je me demande… Vas-tu me comprendre ? Vas-tu me demander comment je peux penser ainsi ? Vas-tu te mettre en colère de me voir si pathétique ? Vas-tu me faire des reproches ? Vas-tu me pardonner ? Si tu savais… j’ai peur de ce que tu vas dire maintenant que je t’ai parlé de cela. Dire que ce ne sont pas les seules choses qui me mettent dans cet état… Certes, ta disparition a été pratiquement impossible à encaisser ainsi, ce qui m’amène à être terrifié d’être en plein rêve. Toutefois, s’il n’y avait eu que cela, je n’aurais pas eu à me plonger corps et âme dans le travail puisqu’il n’y en aurait pas eu tant. De plus, j’étais déjà fatigué de base. J’ai l’impression que, depuis des années, je n’ai eu de cesse de lutter avec de petites pauses que mes proches m’accordaient. Une pause comme celle-ci. Celle que tu m’accordes avec calme.

Je sursaute très légèrement en sentant tes mains se poser sur les miennes. Je ne m’y attendais pas. Toutefois, ce contact est très rassurant à mes yeux. Il signifie que tu ne vas pas me faire de reproches et que tu es bel et bien présent à mes côtés. Cela me permet de me détendre très vite sans même m’en rendre compte. Ta voix ne fait que confirmer ce que je viens de comprendre alors que tu m’assures que je n’ai pas la moindre culpabilité à porter vis-à-vis de ce qui t’es arrivé. Je note tout de même que tes agresseurs cherchaient une information en particulier. Il faut que j’en sache plus à ce propos puisqu’il pourrait s’agir d’un renseignement qui pourrait être apporté par un autre membre du clan. En tant que Zōngzhu je ne peux pas me permettre de laisser ce fait de côté, que tu le veuilles ou non. J’espère que tu me comprendras…
Je hoche doucement la tête en souriant finement pour te rassurer : je vais méditer tes paroles pour me défaire de cette culpabilité qui m’a grandement pesé durant ces deux derniers mois. Puis, je murmure tout doucement, avec gratitude :



Ma gratitude n’est que plus grande alors que tu tentes de me rassurer dans cette peur irrationnelle de te perdre à nouveau, jusqu’à te blottir dans mes bras. Sans me faire prier, je te serre contre mon cœur avec douceur et chaleur. Jamais je ne pourrais assez te remercier pour tout ce que tu fais pour moi depuis notre première rencontre alors que je devrais être celui qui t’apporte ce genre de soutien. Comment pourrai-je devenir un solide pilier pour toi si, à tes yeux, je reste seulement une personne à protéger ?
Doucement, je ferme les yeux en espérant ne pas nourrir de nouveaux regrets par mon incapacité à te venir en aide lorsque tu en as besoin. Tentant de ne pas trop y penser, je passe une main dans tes cheveux pour les caresser lentement. Je laisse alors passer un moment dans le silence. Ce calme est grandement salvateur malgré tout ce qu’on pourrait dire.

Je ne saurais dire combien de temps j’ai laissé passer ainsi. Toutefois, je commence à me dire qu’il me faut vraiment en savoir plus sur cette information recherchée par des personnes extérieures au clan. Alors, sans défaire mon étreinte afin que tu puisses répondre en te sentant en sécurité, je te demande dans un murmure :



Vu la force de caractère de mon enfant, je doute fort qu’il leur ait donné la réponse qu’ils voulaient. Je garde toutefois cette possibilité ouverte, prenant en compte que Lei-An reste un personne très jeune qui n’avait jamais eu à subir la moindre torture. Dans ces faits, il serait très impossible de le blâmer de ne pas avoir su garder le silence. Moi-même, je pense que je n’aurais pas eu le mental nécessaire pour protéger mon clan jusqu’au bout. Je suis bien trop fragile et peureux…

Je me doute que je reviens sur un moment difficile pour lui, toutefois je ne peux pas rester sans la moindre information à ce sujet. De plus, plus tôt j’en saurais plus, plus vite je pourrai mettre en place quelques solutions. Enfin… Si Yishi Shushu me laissait faire, évidemment.
Je ne ressens que d’autant plus la difficulté que je donne à Lei-An quand il se blottit un peu plus dans mon épaule. Peut-être même pourrait-il s’en vouloir d’avoir dévoilé les informations qu’on lui a demandées et, de ce fait, craindre ma réaction. A-t-il plus peur de me mettre un peu plus de stress qu’habituellement ou de ma potentielle colère ? Il semblerait que je ne me sois pas bien intéressé à mon enfant pour être si peu sûr de ce qu’il ressent alors qu’il est ainsi blotti dans mes bras…

Égal à lui-même, mon fils me répond que ce sont nos défenses et l’accès à Yushen Buzhi qui intéressent l’extérieur. Nos ennemis commencent à fomenter des plans contre GusuLan, tout comme ils ont tenté de faire tomber YunmengJiang dans le passé. Bien que cela ne fasse que rendre l’épée se trouvant au-dessus de nos têtes plus menaçante, je me sens tout de même soulagé qu’il ait raison en affirmant que je ne suis pas la cause de son enlèvement et de ses souffrances. De plus, Lei-An n’ayant rien dévoilé, cela nous offre un sursis on ne peut plus bénéfique, je n’ai pas l’impression d’être plus acculé plus qu’avant.



Personne ne devrait avoir à souffrir. J’en suis intimement persuadé et cela me tue de voir que certaines personnes sont si cruelles qu’elles font vivre de telles horreurs aux autres. Dois-je compter les personnes imprégnées de Yuan Qi ? Non. Le Yuan Qi est nocif et fait perdre l’esprit. Je suis donc d’avis qu’une personne adorable pourrait devenir un monstre à cause de cette énergie.

Sans doute encore inquiet pour moi, Lei-An passe outre ce qu’il a vécu et me demande s’il y a une personne que je souhaite nommer comme Zōngwô. Je réfléchis un instant avant de répondre, penaud et un peu las, surtout que je comprends par sa question qu’il ne compte pas revenir à mes côtés, quelle que soit la raison :



Lei-An ayant été mon Zōngwô, il sait comment je fonctionne et quels peuvent être mes problèmes quand je travaille. De plus, il connaît les deux personnes de confiance que je viens de nommer. Je sais donc qu’il pourra être à même de me donner quelques conseils concernant mon futur bras droit sans pour autant m’obliger à quoi que ce soit. Je me permets toutefois une petite plaisanterie avant de lui laisser la possibilité de me faire savoir son avis :