Je ne compte plus le temps. Cela ne serait que me faire toujours plus de mal. Surtout depuis que ce garçon auquel je tenais tant nous a quitté. D’autant plus que je n’en ai pas le temps. Si jamais je venais à m’effondrer à cause de mon deuil, alors je ne pourrai pas aider mon Shushu qui lui-même s’effondre. Il essaie de donner le change, de montrer qu’il va bien, s’enfermant dans le travail sans s’imposer de limite. C’est encore pire qu’avant qu’il ne se rapproche de ce proche qui vient de nous quitter pour, nous l’espérons tous, un monde meilleur. Yishi Shifu n’a d’autres choix que de mettre le holà, malheureusement il ne semble pas comprendre la leçon. Au point que je suis celui qui doit reprendre la relève auprès des cadets qu’il avait pris sous son aile. Les amis de Lei-An. Les membres de son groupe. Des personnes qui le pleurent également. Des personnes qui tentent de faire leur deuil à leur manière, tous de manière différente selon leur caractère et leur résistance.
Je peux le comprendre. Malgré tout ce que je peux penser, je suis le mieux placé pour savoir à quel point il était attaché à ce garçon qu’il considérait autant comme un fils, que l’avenir du clan, une personne de confiance et un confident. Dans ces conditions, comment pourrait-il tenir la barre correctement. Sans compter que, dans ces conditions, je suis la personne vue pour lui succéder, pour l’aider dans ses tâches quotidiennes et le ramener dans le droit chemin. Un rôle que je peux endosser par obligation mais que je préférerai laisser à quelqu’un d’autre. Je pense que l’un de mes cadets serait tout à fait capable. Toutefois, le fin mot reviendra à notre Zōngzhu quand il aura repris du poil de la bête. Ce n’est malheureusement pas demain la veille au vu de son état… J’ai beaucoup de peine pour lui et autant d’inquiétude pour l’avenir du clan dans les conditions actuelles.

C’est donc dans cet état d’esprit que je m’occupe de Lan Shùn Wén, sa petite amie et son meilleur ami. Enfin, habituellement. Aujourd’hui, lui est malade et Menguin Jin est avec lui pour veiller sur sa santé. Je n’ai qu’à veiller sur l’entraînement de Lan Xifeng qui a besoin de consolider ses acquis. C’est pourquoi je lui ai proposé un combat amical avec moi pour le conseiller au fur et à mesure en fonction de ses lacunes. Il se débrouille de mieux en mieux. Au point que même moi qui ait une technique similaire à la sienne commence à être mis en difficulté face à lui. Je ne lui montre cependant pas pour éviter de le déconcentrer. Il faut qu’il se focalise sur lui pour mieux apprendre et éviter de prendre de mauvaises habitudes. J’en profite pour tenter de lui inculquer un minimum de finesse qui pourrait bien lui sauver la vie si je parviens à le rendre aussi naturel que manger et boire.
Nous sommes au beau milieu d’un combat pendant lequel il doit mettre en pratique les ajustements que je viens de lui notifier. J’ai bien fait attention de ne pas lui en donner trop d’un coup. Ce serait contre-productif, surtout pour lui. Il a déjà des difficultés en apprenant les bases, c’est donc une preuve qu’il doit apprendre progressivement. Il n’est pas comme… Non. Les comparer n’a jamais été une bonne idée. Personne n’est pareil. Oups ! J’ai failli perdre ma concentration et me prendre un coup. Heureusement, malgré ma force brute, j’ai assez de finesse pour éviter sa lame et continuer le combat avec beaucoup de fluidité.
Je me suis toujours demandé si cela était un reste de ma vie antérieure. Bien que tout le monde au sein du clan puisse être au courant, je ne fais que très peu référence à la personne que j’étais dans un lointain passé. Je ne souhaite pas être vu de cette manière. Ce n’est pas tout ce que je suis. Il est important que je vive la vie comme étant Lan Tianci et non Lan Zhan.

J’ai repris mon rythme et je commence à tendre des pièges à mon élève qui s’en sort plutôt bien par rapport à mon estimation. Je le laisse donc tenter de m’attaquer alors qu’il me semble entendre un appel lointain. Est-ce moi qui suis… ? Non. Ce n’est que fort peu probable dans la mesure où on viendrait directement me chercher au lieu de m’appeler ainsi. C’est après tout interdit de crier au sein du clan. A peine je pense cela que c’est bel et bien mon prénom de naissance qui est hurlé, me figeant alors que j’aurais dû me défendre. Je crois que je dois la vie aux réflexes de Xifong qui a arrêté sa lame au dernier moment. Un mouvement impossible s’il n’avait pas la force nécessaire à cela. Dommage que ses instructeurs ne soient pas capables de voir ce genre de qualités tant ils sont ancrés dans les conventions du clan et les traditions.

Alors que je découvre ce qu’il vient de se passer, je tente de rassurer le cadet que tout va bien et le remercie d’avoir sauvegardé non seulement ma vie, mais aussi ma santé puisque je ne suis pas blessé. C’est franchement un miracle ! Puis, je lui demande de m’excuser, ce qu’il fait puisque lui aussi a entendu l’appel. Un amour ce garçon. Puis, je range mon épée, prend ma veste avant de me diriger vers l’entrée du clan. Je découvre alors deux maîtres attribués à la sécurité du clan qui… menacent ? Oui, ils semblent menacer un garçon plutôt chétif qui s’est réfugié dans un arbre. Je soupire. Il doit bien y avoir une raison à toute cette situation, n’est-ce pas ? Oui… Je l’espère. Enfin, je ne saurais rien sans demander.



Ne pas crier, Tianci, c’est interdit dans les règles du clan et tu n’as pas le temps de subir une punition. Respect et amour. Fermeté avec politesse. Cela devrait être possible, non ? En tout cas, j’espère vivement qu’il y a une bonne raison à ce qu’il se passe maintenant sans quoi je crois que je pourrais bien moi aussi faire une crise de nerfs. Je pense que Yishi Shifu serait absolument ravi de me voir passer à l’infirmerie !

Je me demande à quel point ces trois personnes présentes vont tester ma patience. Je dois avouer que cela m’énerve un peu d’avoir laissé Lan Xifeng et son entraînement sans pouvoir lui dire quand je pourrai revenir vers lui. Surtout que nous avons été obligés d’écouter celui-ci afin de que je puisse régler le problème qui se déroule ici-même. Problème expliqué par l’un des deux maîtres dès lors que j’eus posé ma question. Enfin… après m’avoir assuré qu’ils ne voulaient pas me déranger. Certes… mais je suis là alors, bien que l’intention soit bonne, cela ne change rien à ma présence actuelle. Donc… ? L’inconnu actuellement perché dans un arbre, sans doute pour échapper aux armes dégainées, a demandé à parler à mon Shushu ou à moi-même pour une affaire dont il n’a pas voulu dévoiler les tenants et aboutissants. Je crois que je commence à mieux saisir le problème auquel nous faisons face et que je vais devoir trancher. Ô joie ! Et avec l’insistance des deux parties, je sens que je vais avoir quelques difficultés à prendre une décision correcte aux yeux de tous. De toute façon, je n’en prendrais pas sans avoir entendu ce que celui qui a vraisemblablement hurlé mes noms a à dire.



Mon regard se porte sur l’inconnu. Un… jeune homme, roux et visiblement assez mince. Il me semble déceler des signes d’un très long voyage. Peut-être même n’était-il pas de tout repos. Pourtant, il est monté jusque là par peur ou pour éviter de s’en aller dans l’espoir de nous rencontrer. Je suis très curieux de savoir ce qui est si important à nous dire pour qu’il puisse se montrer aussi borné et qui lui a donné mon nom de naissance. Après tout, je ne le dévoile pas à tout le monde et je suis persuadé de ne pas l’avoir rencontré un jour. Je réponds donc brièvement à la salutation qu’il prend le risque de me donner et l’écoute s’excuser. Des excuses qui coupent les maîtres dans leurs vaines promesses et les font réagir comme j’aurais dû m’en douter :





D’une voix neutre et assez basse pour que seuls les maîtres puissent m’entendre, je déclare en continuant de regarder notre invité haut perché :



Evidemment, je leur suis reconnaissant d’avoir pensé à l’état de notre Zhongzhu et à mon propre bien-être. Toutefois, je ne cautionne pas vraiment leur comportement vis-à-vis d’une personne au point de sortir les armes. Le visiteur n’est vraisemblablement pas en mesure de se défendre et son insistance cache quelque chose. Je doute qu’une personne nous voulant du mal n’ait pas pensé à une contre-mesure ou même à une raison pour nous rencontrer. De ce fait, j’ai très envie d’écouter les dires de cet inconnu qui prend la parole.
Comme les maîtres l’ont mentionné, il refuse de donner la raison de sa venue hormis qu’il doit me parler en privé d’une affaire de la plus haute importance. Ses vêtements ne portent pas la marque d’un clan en particulier, sauf erreur de ma part. Son insistance se fait ressentir alors que je suis présent, assurant qu’il s’agit d’une affaire des plus urgentes. Dans la mesure où nous faisons face à une épée de Damoclès, un deuil des plus compliqués et d’autres menus problèmes qui se trouvent être reportés par l’état des hautes instances du clan, je ne peux pas laisser les choses telles qu’elles le sont actuellement.

Encore une fois, un des maître intervient, me faisant soupirer. Il m’énerve, bien qu’il puisse avoir à moitié raison. Au vu des dangers qui nous guettent, la sécurité est primordiale. Mais est-ce une raison pour être aussi rude envers un invité venu à l’improviste. Tout le monde n’est pas notre ennemi. Si nous devions devenir paranoïaque, alors nous pourrions avoir d’autres problèmes bien plus graves dans le futur.



Cela dit à mes aînés, je parle plus fort à l’intention de notre invité de manière courtoise malgré mon envie de remettre les gardiens de l’entrée à leur place :



Je ne pensais pas que nous ferions face à plusieurs problèmes. Bon, le premier est facile à régler et je suis prêt à dégainer Bishen pour aller le chercher. J’espère toutefois que les deux autres rangeront leurs épées sans quoi je risque de vivement m’énerver. Quant au second, il appuie encore une fois sa volonté de me parler en privé de la raison exacte de sa venue. Nous n’arriverons à rien si je ne lui accorde pas cela. Je ne le comprends que trop bien maintenant que je l’ai écouté parler.



Pensant qu’ainsi je pourrai régler une première problématique, je monte sur Bishen avec adresse et vole jusqu’au garçon roux. Celui-ci est bien accroché malgré son équilibre que je juge précaire sur sa branche. Par contre, je me demande s’il n’était pas temps que j’arrive au vu de sa finesse. Pourtant, elle ne semble pas sur le point de se briser non plus. Je m’en demande la raison jusqu’à ce que je le prenne dans mes bras pour le poser à mes côtés avec sa coopération. La réponse est toute simple : il est léger comme une plume ! Beaucoup trop pour que sa santé ne soit pas en danger de ce que j’en sais. Comment ont-ils pu menacer une personne qui ne pouvait vraiment pas se défendre ?!
Du mieux que je peux, je cache mon énervement et, sans prêter plus d’attention aux maîtres sans quoi je doute pouvoir leur parler sans leur faire de reproches malgré leur bonne volonté, je dépose mon invité au sol et mets moi-même pied à terre avant de ranger mon épée. Cela fait, je l’invite d’un geste à me suivre.



Puis, sans me retourner, j’emmène l’inconnu tout en le gardant toujours en vue. Je fais même attention de marcher à son allure. En chemin, je me permets de constater :



De cette manière, en arrivant au pavillon, nous pourrons commencer notre discussion privée sans perdre de temps.

Il y a de fortes chances pour que la confiance que je vais lui accorder lors de notre prochain entretien soit grandement influencée par la manière dont il va me répondre. En vérité, j’ai surtout la sensation qu’il ne compte pas me répondre tant que nous ne serons pas dans un endroit privé puisqu’il a refusé de se présenter face aux maîtres qui l’ont accueilli à l’entrée. A moins qu’il ne préfère me mentir ? Comment pourrai-je le déceler ? J’ai cru déceler à quel point ce garçon est plutôt expressif, mais cela ne veut pas dire qu’il est mauvais menteur. Ce n’est finalement qu’en parlant avec lui que je pourrai le cerner un peu plus. Je crains cet entretien, mais puisque personne ne peut l’accueillir à part moi et qu’il est trop borné pour accepter de repasser plus tard, quand mon Shushu sera en mesure de discuter, il ne reste plus que moi pour entendre ce qu’il a à dire de si urgent.

Des excuses. Ce n’est pas vraiment ce que je demandais, mais j’apprécie le geste. Après tout, il est vrai qu’à cause de lui j’aurais pu me faire embrocher vivant si je n’avais pas inculqué quelques réflexes à Lan Xifeng durant nos entraînements. Je ne compte cependant pas lui faire savoir, ce serait nous étaler sur un problème passer qui ne vaut pas la peine qu’on s’attarde dessus. Surtout qu’il vient de me présenter ses excuses sans en avoir connaissance. Nous avons plus important à…
Pardon ? Je pense que j’ai mal entendu. Ne vient-il pas de donner un nom formé par les prénoms d’une personne que je connais. Non. Connaissais. Lan Sīzhuī, A-Yuàn. Est-ce une coïncidence ou alors est-il en train de se moquer de moi ?

Je ne m’en suis pas rendu compte, mais je me suis totalement stoppé à l’entente de ce nom qui éveille en moi une myriade d’émotions et sentiments et me demande de démêler le présent du passé, ce qui n’a jamais été très simple depuis que je me suis rappelé qui j’étais alors que j’étais un enfant de moins de dix ans. Il faut croire que cette rencontre était destinée à me mettre en difficultés depuis que j’ai décidé de ne pas la laisser passer.
Découvrant ma réaction, il semblerait que mon invité pense que je ne le crois pas lorsqu’il prétend se nommer Yuàn Sīzhuī. Sans doute que mon expression peut lui donner cette impression. Je ne peux pas en être sûr moi-même tant je suis secoué. Mais oui, j’attends avec impatience de connaître les détails sur la signification de son nom. Dans une certaine mesure, j’espère même qu’ils auront une autre signification que celle que je connais. … Evidemment que mes espoirs sont vains. Ce sont exactement les mêmes. Mais plus que cela, ce qui me fait le plus tiquer c’est la manière dont il termine sa phrase. Il donne l’impression de réaliser quelque chose, que je serais capable de déceler que son nom est un emprunt, par exemple. N’ayant aucun moyen de le certifier malgré tout, je hoche la tête et reprend la marche en annonçant, sur la réserve :



Malgré mes efforts, je ne peux définitivement pas le nommer par le nom de famille qu’il utilise. Celui-ci me fait bien trop penser à A-Yuàn auquel je fus grandement attaché avant ma mort en tant que Lan Zhan.
D’un pas similaire précédent, bien que légèrement plus rapide à cause du choc que je viens de vivre, je le mène jusqu’à une salle que je sais sécurisée du pavillon des invités. Une salle destinée à accueillir ceux qui viennent nous demander notre protection ou qui sont en possession de secrets qui se doivent d’être gardés de tous. Elle n’est connue que par très peu de personnes au sein du clan, ce qui aide également à éviter les oreilles et les yeux indiscrets. Je lui désigne alors une place alors que je ferme la porte que je sécurise également.

Puisque mon invité m’a docilement écouté, et que je ne manque habituellement pas de courtoisie, je vais nous faire du thé avec lequel je reviens. Je m’installe et lui donne la tasse que je viens de lui préparer. Un thé tout ce qu’il y a de plus normal, bien que je ne sois pas le meilleur dans l’art d’en faire. Puis, je bois une gorgée de la mienne pour me détendre un maximum -ce qui n’est pas très efficace, malheureusement…- avant de lui demander :



Attentif et patient, je compte bien analyser chacun de ses mots afin de mieux comprendre ses intentions potentiellement cachées et, ainsi, éviter au Zōngzhu du clan de se retrouver dans une situation délicate quand il nous reviendra en forme. Entre notre deuil, la position de Zhǎngwò qui n’a pas encore trouvé de remplaçant officiel, les recherches d’un de nos membres disparu et les problèmes que nous comptions avant ceux-ci, il est évident qu’une série de problèmes supplémentaires n’est clairement pas la bienvenue.

Je me demande vraiment ce qui va m’être raconté. Actuellement, avec le nom que je viens de découvrir, je m’attends à un peu tout et n’importe quoi. Si on venait à m’apprendre que Wei Wuxian a été ressuscité de force… Non, je ne sais pas vraiment comment je réagirais. C’est trop inattendu en réalité, trop inespéré, et pourtant si peu étonnant. Ma réaction serait également comme fragmentée en deux par mon incompétence à dissocier mon passé en tant que Lan Zhan et mon présent en tant que Lan Tianci. Je rencontre régulièrement mon Shifu pour ce problème qui me suit depuis l’enfance. C’est pourquoi je tente de me concentrer d’autant plus. Si je peux analyser correctement ce qu’il se passe sous mes yeux et ce qui m’est dit, alors j’aurais moins de difficultés à prendre des mesures qui pourront aider mon Shushu alité.

Il n’a pas touché à la tasse de thé que je lui ai offert. Pense-t-il que celle-ci est droguée ou empoisonnée ? Cela serait bien mal connaître les membres de notre clan et nos règles. Je n’insiste cependant pas et attends patiemment qu’il soit prêt à me dévoiler ces raisons que je lui demande.
Aucune parole n’est prononcée suite à cela. A la place, ce sont des gestes que je perçois et qui répondent à une de mes questions. Du moins, en partie. Pourtant, ce n’est pas le sens que prennent mes pensées. A la place, elles préfèrent se concentrer sur une seule interrogation : que fait donc Suibian entre les mains de cette personne ? Elle devrait se trouver auprès de… Ah ! Quoi ?! Il a également Chengqing ?! Bon… Je reprends… Suibian et Chengqing devraient se trouver dans une salle hautement sécurisée et surtout secrète du clan dans laquelle seuls les maîtres sont autorisés à entrer. Et encore, tous ne sont pas censés être au courant de son existence. Comment est-il parvenu à entrer en leur possession ? La seule explication, raccourcie, que j’entrevois est la possibilité qu’un de nos membres… Non, certainement plusieurs de nos membres, soient des traîtres. A quel point sommes-nous dans les problèmes jusqu’au cou ? Quand cela a-t-il commencé ? Quand nous ont-ils substitués ces armes précieuses à mes yeux ? Depuis quand avons-nous commencé à descendre sur la pente de notre déchéance ?
Sans l’honnêteté de cette personne, qu’elle soit partielle ou complète, jamais je n’aurais pu être mis au courant de notre situation catastrophique. Finalement, il n’a pas besoin de me notifier la raison de l’urgence de sa requête. Je ne la comprends que trop bien. Il n’en a que d’autant plus mon écoute alors que je me défais de mon air choqué pour reprendre celui de la concentration.

Nos regards se croisent enfin et il m’apprend que, encore une fois, des personnes ont cherché à sortir Wei Wuxian de son repos de force. Quand le laissera-t-on tranquille ? Avec ces réveils forcés, je me demande s’il me sera un jour possible… Je secoue doucement la tête. Ce n’est pas le sujet actuellement et, comme tente de me le faire comprendre Yishi Shifu, je ne suis plus réellement Lan Zhan. Je ne peux donc pas penser de cette manière. D’autant plus que le plus important reste que l’initiateur de ce rituel interdit n’est autre que l’empereur lui-même. Que cherche-t-il donc à faire en invoquant une personne qui aurait dû voir sa réputation lavée de tout soupçon ? Je soupire doucement pour me forcer au calme.
Mon interlocuteur n’est donc pas Wei Wuxian, sans quoi il n’aurait pas parlé de lui-même à la troisième personne, à moins qu’il n’ait tenté de se cacher. Cela ne serait pas si étonnant, de même que ce nom certainement emprunté ne serait plus si mystérieux. Mais, dans ce cas, pourquoi nous rendre ces armes qui seraient les siennes ?
Il me confirme qu’il n’est pas Wei Wuxian, bien qu’il en ait les souvenirs. Je ferme un instant les yeux pour m’en remettre, restant à l’écoute. Dans ce cas, quelle était donc cette erreur qui a conduit à l’échec du rituel ? Je ne le connais pas vraiment, donc il me serait difficile de le savoir en réfléchissant seulement.



S’il n’était pas resté en vie, nous n’aurions pas su les manigances de l’empereur et que nous avions des traîtres parmi nous. Et nous n’aurions pas pu remettre la main sur ces reliques du passé qui sont très importantes à mes yeux.

J’en apprends désormais un peu plus sur la personne ayant conduit le rituel. Le fait qu’un bras droit de général soit capable d’une telle chose m’amène à me demander combien d’autres utilisateurs de Yuan Qi, cultivateurs ou autres personnes liées à l’occulte font partie des membres de la cour impériale. Nous ne sommes que trop peu au courant de la menace qui nous pèse et cela rend l’épée de Damoclès qui se trouve autour de nos têtes bien plus menaçant qu’auparavant. En plus de cela, j’ai la confirmation de la présence de traîtres à GusuLan. Par contre… Comment cela se fait-il que cette personne ait cherché à mieux comprendre comment ces armes s’étaient retrouvées en leur possession ? En quoi cela était-il étrange à ses yeux ? Et pourquoi était-ce l’une des premières choses qui l’aient inquiétées alors qu’il devait être grandement déboussolé ?

Afin de me détendre un minimum après avoir appris de telles informations, je prends une nouvelle gorgée de thé. Reposant ma tasse, je constate qu’il déguste lui aussi le breuvage, ce qui me rassure quant à sa vision de mes intentions qui ne sont en rien mauvaises. C’est donc un peu plus détendu que j’aurais pu l’être que je prends à mon tour la parole pour lui demander :



Dans une certaine mesure, j’ai un peu d’espoir. En tant que Lan Zhan, je suis au courant, je sais que Wei Ying avait pris le nom de Lan en se mariant avec moi. Toutefois, je connais une autre personne qui se nommait ainsi, Lan Ying. Seulement, je n’ose pas m’avancer sur la question. Je ne veux pas que mes réflexions soient obscurcies par le sentiment de perte profond que je ressens déjà, ou par le désespoir de ne revoir aucune des deux personnes les plus importantes de ma vie.

Malgré ma volonté de ne pas trop y croire pour éviter de vivre une déception qui mettrait mon clan dans une situation encore plus difficile qu’il ne l’est déjà, je ne peux m’empêcher de prier que ma pensée soit la réalité. Après tout, je n’ai pas pu lui dire mes sentiments en tant que Lan Tianci. D’un autre côté, cette volonté me met dans une situation délicate vis-à-vis de l’autre personne que je suis également qui, elle, est attachée à Wei Wuxian. Posséder des souvenirs ne signifie en aucun cas ne faire qu’un avec l’âme de la personne, ce qui signifie que son amant pourrait très bien revenir un jour ou l’autre… Ce qui signifie que je ferais une trahison puisque je tromperai Wei Wuxian pour aller auprès de Lan Lei-An. C’est une éventualité très difficile à penser.

Mon regard ne quitte plus mon interlocuteur. Ce dernier semble aussi peu en forme que moi. Comme je venais de le troubler avec ma question. Sans doute que cela pourrait être le cas. Si le rituel a fonctionné un tant soit peu comme par le passé, alors ce n’est plus deux mais trois vies dont il se rappelle, dont deux ne sont aucunement les siennes. De plus, je lui rappelle un moment difficile, celui où il a été arraché à la mort alors qu’une autre personne était appelée. Quelle réaction aurais-je pu avoir à sa place ?
Sa première réponse, prononcée comme avec une précaution énorme, me laisse sur ma faim. Je n’ose cependant pas insister. Il m’a laissé le temps de me remettre de mes émotions alors qu’il m’annonçait des nouvelles difficiles pour moi. Il est donc normal que je lui rende la pareille. Je prends donc à mon tour une gorgée de thé, lui laissant la possibilité de se reprendre jusqu’à ce qu’il décide de lui-même de m’en dire plus. Bien entendu, je ne resterai pas ainsi toute la journée et viendra un moment où je passerai au reste de notre conversation. Si vient un tel moment, c’est que j’aurais pensé qu’il ne veut pas m’en dire plus. La raison de ce silence risque d’être difficile à deviner…

Je n’ai pas à aller aussi loin puisque, avec émotion, il m’avoue à mi-mot être la personne que j’espérais. Lei-An… Cela explique le nom qu’il a emprunté. Cela explique ses connaissances sur le clan. Cela explique les émotions qui l’animent. Cela explique… tout. Tout ce qui le concerne, tout du moins. Toutefois, je ne comprends pas comment les hommes de l’empereur ont été au courant du nom de mariage de Wei Ying dans la mesure où cette partie de l’histoire a été cachée au plus grand nombre. Les traîtres y sont-ils pour quelque chose ? C’est la seule explication qui me paraît logique au vu de la sécurité que nous maintenons sur le sujet.
Les émotions qu’il ressent doivent être à leur paroxysme et tous les souvenirs qu’il doit constamment départager le mettent dans un état tel que je ne peux pas le laisser seul. C’est encore pire alors qu’il me demande pardon. Il sait que je suis la réincarnation de Lan Zhan et j’ai dû lui avouer la raison pour laquelle j’ai encore les souvenirs de ma vie précédente. Pourtant, je n’en suis pas moins heureux qu’il soit là, devant moi. Au contraire ! S’il savait que j’étais sur le point de trahir Wei Wuxian et que, dans le doute, j’ai demandé la permission de Wen Ning pour ne faire de mal à personne. J’ai tant hésité que j’ai râté l’occasion de lui dévoiler mes sentiments…

Alors que tu ne me regardes plus pour essuyer les larmes qui ne cessent de perler, je me lève silencieusement. Je suis incapable de te laisser dans un tel état, que je sois proche de toi ou non. Que tu sois mon frère, mon ami ou l’amour de ma vie, je suis tout bonnement trop faible face à ta souffrance. C’est pourquoi je m’approche pour m’agenouiller à tes côtés. Dans un geste souple et très proche de mon dernier mouvement, je te prends dans mes bras comme je l’ai fait lorsque nous nous sommes retrouvés en tant que membres du même clan, élèves du même maître et partenaires de chasse. Le jour où j’ai tenté de te rappeler que nous nous connaissions déjà mais que tu ne t’en rappelais pas à cause de ton trop jeune âge.
Lentement, je te caresse les cheveux. Toutes les sensations que je ressens actuellement alors que je te serre contre mon cœur sont différentes. Je ressens combien ce corps ne ressemble en aucun cas à ceux que je connaissais. Mais je sais qu’il s’agit de toi. Je passe donc simplement outre. Je passe outre pour te consoler et te montrer que tu n’es plus seul.



Ce n’est pas encore le moment de te dire combien je t’aime, bien que ma voix soit emplie d’une tendresse infinie. Il y aurait trop de confusion puisque je suis… non, je fus Lan Zhan par le passé et, comme je m’en rends encore compte maintenant, je mélange toujours ces deux parties de mon existence. Je me demande également ce qu’il est advenu de Wei Ying puisque tu dis qu’il a également été appelé. Dois-je comprendre que tu as fusionné avec lui ? Ou ressens-tu les choses autrement ?
Je préfère attendre. Attendre que tu te sentes un peu mieux, que tu reprennes un peu du poil de la bête, avant de te poser la moindre question, que ce soit sur ce sujet ou un autre. Nous avons encore le temps. Sans compter que je ne veux pas te brusquer. Qui sait quel poids prend la fatigue que tu as accumulée depuis ton retour sur terre.

J’aimerai en savoir plus sur son état, savoir comment lui venir en aide et, surtout, qu’il m’autorise de rester à ses côtés. Pourtant… Pourtant n’est-ce pas trahir le mari de ma vie en tant que Lan Zhan, celui pour lequel j’ai gardé tous les souvenirs de ma vie passée au point de les confondre avec le présent ? N’est-ce pas mettre à mal tous les sentiments que je lui voue et piétiner les promesses que je lui ai faites ? Lorsque j’en ai parlé avec Wen Ning, il m’a assuré que ce n’était pas le cas. Pourtant, cette part de moi ne cesse d’être en proie au doute alors que mon amour pour Lei-An, pour Sīzhuī, est intense, me brûlant intensément.
Je me sens donc à la fois soulagé et honteux d’être aussi heureux de le sentir se blottir dans mes bras. Un contact que nous n’avons que trop peu eu avant sa disparition quelques mois auparavant. J’aurais voulu pouvoir l’aider avant que l’irréparable ne soit commis. Sauf que je n’étais pas là et cela vaut aussi pour toutes les blessures qu’il a subi avant cela. J’étais tout simplement en retard, mes doutes à cause de cette vie passée n’aidant en rien. Ce n’était finalement qu’un bienfait pour m’aider dans ma cultivation, rien de plus…

Ses sanglots se sont taris pendant que je parlais. Je me demande s’il pleure toujours malgré tout. Je ne peux pas le vérifier sans bouger et le décaler afin de pouvoir avoir une vue claire sur son visage. Je ne souhaite pas faire l’erreur de lui faire croire que ma volonté est de mettre fin à notre étreinte. Il pourrait le croire si rapidement et l’accepter sans condition… Cela m’effraie. Je ne veux pas le perdre.
A cause de cela, je crains un peu quand je le sens bouger contre moi avant de me sentir rassuré alors qu’il ne s’éloigne pas. Je l’emprisonne tout de même un peu plus afin de m’assurer de notre proximité, anxieux. Mes yeux se ferment alors que sa voix se fait entendre près de mon oreille. Si je m’attendais à ça… Des remerciements… Ces derniers me donnent l’impression de nager entre le passé et le présent. Wei Ying me dirait-il ce genre de choses, lui aussi ? Je souhaite y croire, mais pas trop non plus. Après tout, il aurait tous les droits d’être en colère contre moi. L’ai-je réellement attendu alors que mon cœur se languissait d’un autre que lui ?

Une larme roule sur la joue sur laquelle vient se poser la sienne, trempée de perles salées. Ce geste m’est familier et me rassure alors que je ferme les yeux. Ce murmure termine de me détendre alors que je comprends qui me parle réellement. Est-ce vraiment lui ou ses souvenirs ? Je ne sais même plus ce que je devrais souhaiter vis-à-vis de cela. Je le désire à mes côtés, pourtant je ne veux pas abandonner Lei-An. Ne puis-je donc pas concilier les deux ?
Je me mords la lèvre inférieure, tant je souffre de ses derniers mots. Je suis Lan Zhan, mais je ne le suis pas totalement. Je suis aujourd’hui Lan Tianci. Lan Qingquan. Il a raison. Les membres de mon clan, surtout mes parents et le médecin du clan, ont tout fait pour que je ne me perde pas dans les souvenirs qui relatent un passé lointain. Que je ne redevienne pas ce que j’étais, mais que je sois celui que je suis devenu. Cela ne retire pourtant rien à la douleur, à la sensation de le perdre pour de bon…



Je ne le devrais pas, pourtant je pleure silencieusement. J’ai le cœur au bord des lèvres tant je me sens mal face à cette situation qui ne semble me donner aucune alternative. J’ai l’impression de devoir blesser quelqu’un, l’un des deux hommes qui emplissent mon être d’un amour si fort que je pourrai tout abandonner pour lui. Une raison de plus pour ne pas laisser le Zhongzhu faire de moi son bras droit. Evidemment, je ne laisserai jamais mon clan totalement, mais assez pour avoir la liberté de rester auprès de la personne avec qui je veux faire ma vie. Créer une famille. Veiller sur le peuple tout en restant fidèle à mes principes et à moi-même.

La douceur de la personne dans mes bras me réconforte. Qui qu’il soit, mes paroles n’ont pas été mal prises, bien au contraire. Les yeux fermés et mes bras le serrant contre moi, je l’écoute m’apaiser un peu plus, valider tout ce que j’ai fait jusqu’à maintenant. Je sais qu’il parle actuellement à Lan Zhan, à la personne que je fus par le passé, son mari et celui qui tend à reprendre le dessus dans le seul but de passer ce moment précis avec lui. Pourtant, il m’est difficile d’entendre que la poursuite de ce moment est impossible dans la mesure où ils sont déjà morts il y a longtemps. Pourtant, je sais qu’il a raison. Il n’est pas le premier à me le dire, à essayer de me le faire comprendre une bonne fois pour toute.

Une larme roule sur tes doigts alors que je viens de craindre que tu me laisses à nouveau. Heureusement, tu restes à mes côtés, tu ne me laisses pas seul. Je te regarde avec tendresse, amour… Mon esprit est entièrement tourné vers toi qui me rassure et me donne la joie de passer nos derniers moments ensemble. Je comprends ce que tu veux dire. Je sais que tu ne pourras pas rester, bien qu’il me soit difficile de l’accepter. Tu as raison. Je ne suis plus la personne que je fus par le passé… Il me faut avoir la force de laisser la jeune génération prendre le relais, surtout si, finalement, tu ne reviendras pas. Nous vivrons à travers ces deux personnes qui s’aiment. Ah… Wei Ying… Je savais que tu étais bien plus sage que moi quand tu ne te laissais pas aller face aux émotions destructrices qui peuvent t’atteindre.
Comment ça, je ne suis qu’un ancêtre acariâtre ?

Je ris doucement à ce conseil pour m’aider à être moi-même. Lui aussi rit doucement. Je le laisse faire, me serrer dans ses bras, lui rendant son étreinte. Cette fois, ses mots ne sont pas son mari, mais pour la personne que je suis devenue avec le temps passé depuis ma naissance.
Il a raison… Bien que je fus toujours à la recherche de Wei Wuxian dans une certaine mesure, ce n’est pas lui que je vois comme la personne la plus importante de ma vie, bien qu’il me soit toujours précieux. Sinon, je n’aurais pas demandé sa bénédiction à Wen Ning. Sinon, je n’aurais pas cherché à départager le passé du présent de moi-même aux côtés de mes proches. Sinon, je n’aurais pas été si blessé à la mort de Lei-An.

Je caresse doucement les cheveux de la personne qui se blottit contre moi. Tes cheveux, doux et qui, pourtant, sont si différents de ceux qui furent les tiens dans le passé. Une preuve supplémentaire que ma place n’est plus ici, près de ton cœur.



Telle est la réponse que nous te donnons. Moi parce que je sens qu’il n’y a rien de plus à dire, bien que je sois d’avis que tu as fais du mieux que tu as pu avec les moyens et les connaissances que tu avais à l’époque. D’autant plus que tu ne m’as jamais quitté dès lors que nous nous sommes retrouvés treize ans après que tu sois parti une première fois. Je n’aurais pas pu demander mieux. Quant à la personne que je suis devenue, c’est parce qu’il ne saurait pas dire quoi de plus mais qu’il t’écoute avec attention. Plus que jamais, tu n’es pas seul. Bien que la personne appartenant au passé, Lan Zhan, soit la seul qui ne veuille jamais te quitter, l’autre partie de moi-même, mon moi présent, ne voudrait pas te laisser seul par respect, par gentillesse et par attachement, bien que ce ne soit pas le même que le mien envers toi.

Je réponds à ton baiser chaste, heureux de cette proximité, bien que j’aurais préféré t’en donner plus. Ce n’est cependant pas le moment. Pipelette que tu es, je vois que tu as autre chose à dire. Et même si je ne te voyais pas, je me doute que tu as d’autres messages à faire passer, bien qu’ils ne me soient pas adressés. En attendant, je profite de ta présence à mes côtés pour te donner toute la tendresse et l’amour que je ressens à ton égard. Je ne veux pas te laisser partir bien que je sache que, encore une fois, je vais devoir te lâcher. Pour la dernière fois.

Cette fois, c’est à moi que Wei Ying s’adresse. Le moi qui va rester. Le moi qui aime Lei-An et qui est heureux de le retrouver après ces quelques mois d’absence, bien que je sois heureux de parler et trouver du réconfort auprès de lui. Je hoche la tête à ses demandes et recommandations. Je ne comptais pas laisser mon amour partir une nouvelle fois. Et certainement pas seul. J’ai bien trop peur de le perdre à nouveau. D’autant plus que sa situation actuelle est assez précaire pour que j’en tremble. Et j’ai bien vu son état ! Je compte bien lui faire reprendre du poil de la bête et le maintenir dans un état satisfaisant. Et si je faisais de lui un petit être potelé ? Cela pourrait être drôle, pourtant je ne le gaverai pas et ne le forcerai pas au point de le rendre malade. Cela serait grandement contreproductif. … Je me perds, semble-t-il.

Je regarde l’homme blotti contre moi, comme prêt à s’endormir.
Je n’aime pas te voir ainsi, j’ai l’impression que tu vas me quitter très bientôt et le temps passé à tes côtés a été bien trop court après tout ce temps à te chercher…
Il est bien qu’il se repose. Il doit en avoir besoin entre la fuite, son état, le voyage jusqu’ici, les émotions, la gestion des souvenirs qui ne sont pas les siens…
Mon cœur se serre alors que tu insistes pour que nous partions. Pourtant, je sais que tu as raison. Alors, quand tu me laisses te parler une toute dernière fois, je tente de me faire plus loquace que je ne l’ai jamais été, prenant exemple sur ce que je suis présentement :



Suite à ces paroles, je te fais cadeau de mon ultime baiser langoureux avant de murmurer, mon nez sur le tien, tendre et doux :



Je ferme les yeux, une larme roulant sur ma peau jusqu’atteindre le visage de celui sur mes genoux. Je ne bouge pas, essayant de démêler mes sentiments, mes émotions, qui me créent une boule dans la gorge. Je suis en train de dire adieu non pas à Wei Wuxian avec qui j’ai bien discuté, mais à cette partie prenante de moi qui était à sa recherche. Maintenant, je me rends compte à quel point il avait une mainmise conséquente sur ma vie et mes volontés. Pourtant, malgré ça, une chose ne change pas et semble vouée à toujours rester la même : mon amour pour Lei-An. Wei Wuxian n’a pas à se faire de mouron. Je ne compte en aucun cas faire quoi que ce soit qui puisse rendre malheureux celui qui m’a pris mon cœur et changé mon âme pour qu’elle soit accrochée à lui. Je veux revoir son sourire éblouissant. Je veux qu’il me parle de ses joies et ses peurs. Je veux qu’il puisse compter sur moi. Je veux l’aider à réaliser ses rêves. Et, pour cela, je suis prêt à quitter le clan Lan s’il le faut, bien que je lui demanderai alors si je peux garder un oeil lointain sur leur sécurité. Je sais que lui non plus ne pourra pas totalement les abandonner. La preuve de cela étant qu’il est venu nous prévenir qu’il existe un ou des traîtres parmi nous.

Doucement, je me relève en ouvrant les yeux. Je regarde le visage de Yuàn Sīzhuī. Ou puis-je le nommer Lan Lei ? Lan Lei-An ? J’aimerais profiter que nous soyons dans cette pièce pour lui demander ce qu’il accepterait que je fasse maintenant que je sais qui il est. Aussi, le moment est-il venu pour moi de lui faire part de mes sentiments maintenant qu’ils sont clairs comme de l’eau de roche ? Ah… Mieux vaut que j’attende de voir comment il se sent avant toute autre chose. L’impatience m’a gagné, semblerait-il. Heureusement, cela ne m’a pas fait bouger de manière inconsidérée. Mon attention est entièrement sur lui et son bien-être.

Les émotions qui m’ont traversé sont extrêmement fortes. Je me demande si Lei-An les a aussi ressenties à travers l’intervention de Wei Wuxian. Aussi, je ne me rappelle que trop bien du baiser qui a été échangé. Passionné. Intense. Tendre. Terriblement plaisant, même pour moi. Surtout pour moi. Outre les souvenirs de la vie passée qui semblent devenir un peu plus flous à mesure que le temps passe, il s’agit de mon tout premier baiser. Non, je ne devrais pas le compter. Ce n’était pas vraiment moi. C’était celui que je fus et qui m’a laissé toute la place afin que je puisse pleinement vivre ma vie comme cela a été promis à son mari. Je dois avouer que c’est un peu casse-tête toute cette situation et je remercie Lei-An de ne pas reprendre conscience tout de suite, de prendre son temps. Cela me permet de mettre un minimum d’ordre dans mon esprit et, ainsi, de pouvoir me concentrer entièrement sur lui. Je ne veux pas le blesser à cause de ce qu’il vient de se passer.

Redressé, je veille sur le repos de mon amour. Il semble si épuisé et son corps est si frêle que je me demande si sa santé n’est pas en péril dans ces conditions. J’aimerais beaucoup que nous allions voir Yishi Shifu, quitte à lui cacher la manière dont nous nous sommes rencontrés, afin de m’assurer que tout ira bien pour lui. Voire même obtenir des conseils pour lui donner du poil de la bête.
Je perçois des signes de réveil. Je me demande s’il fait un cauchemar ou… Non. Cette moue n’est pas celle évoquant de la peur. Plutôt… de la frustration, comme celle d’un enfant qui se réveille le matin par obligation. Cela me fait sourire tendrement. Je ne pensais pas que j’allais pouvoir à nouveau observer une telle réaction un jour. C’est un très joli cadeau qu’il est en train de m’offrir, même contre son gré.

Maintenant que j’y prête un peu plus d’attention, ses yeux ont une très jolie couleur. Il est physiquement très différent de ce qu’il fut avant sa mort. Toutefois, il est devenu une belle personne vouée à s’embellir un peu plus en prenant un peu plus de poids. J’apprécie particulièrement le voir rougir. Cela lui donne de jolies couleurs alors que sa peau est si pâle. Est-ce une mauvaise idée de penser à le faire bronzer un tout petit peu ?
Sa voix, comme par le passé, démontre son ressenti au même titre que son expression. Je me demande si c’est parce qu’il ne savait pas le cacher totalement par le passé ou si l’ancien propriétaire de ce corps était également expressif. Enfin… qu’importe. Au fond, le principal reste que je retrouve mon amour tel que je l’ai connu, tout gêné pour quelque chose de trivial. Je lui souris et l’aide à rester stable alors qu’il se relève en douceur. Il faudrait que je lui propose une collation le temps que nous soyons là.



Puisqu’il semble ne pas se rappeler ce qu’il s’est passé entre les deux personnes pour qui il a une grande admiration, je pense le garder secret. Ce n’est pas la peine de lui faire croire que je suis triste parce que j’ai perdu un être cher. C’est légèrement le cas, mais pas assez pour le confondre avec les sentiments que j’ai à son égard. Ce qui est à Lan Zhan reste avec lui, ce qui est assez étrange par rapport à tout ce que j’ai vécu jusqu’à maintenant. Il faut que j’apprenne à vivre ainsi désormais, bien que cela ne semble pas une entreprise bien compliquée.
Doucement, je lui frotte le dos pour lui laisser un peu de temps pour faire passer la migraine qui semble le tenir. Je ne sais pas que faire de plus à part rester silencieux pour ne pas empirer les choses. Puis… j’ai des difficultés à m’éloigner de lui. Si cela ne tenait qu’à moi, je voudrais le garder éternellement dans mes bras. Malheureusement, je ne le peux pas. Je ne peux qu’essayer de rester à ses côtés.

Je constate par son regard que c’est à moi de reprendre notre conversation là où nous nous en étions arrêtés, outre de lui poser mes questions. Je pense commencer par l’une d’elles dans la mesure où je préfère le nommer quand je le souhaite.



Tout en le laissant répondre, je me lève lentement pour aller nous chercher une collation ainsi que la théière encore chaude pour nous resservir du thé. Ce dernier a dû tiédir tant nous sommes restés dans les bras de l’un et de l’autre. Et, en revenant, je nous ressers après avoir déposé une assiette de gâteaux sur la table, à côté des armes toujours disposées entre nos deux tasses. Maintenant que je sais que Wei Wuxian ne reviendra pas, je me demande s’il est utile de les garder au sein du clan. Pour Suibian, sans doute puisqu’elle est scellée, à moins que Lei-An ne soit en mesure de la tirer. Quant à Chengqing… Ne préférera-t-il pas récupérer son Guqin ? Je lui poserai la question quand viendra le moment.

Le silence est roi alors que je vais chercher de quoi nous sustenter et réchauffer nos tasses. Sans doute que ma question sortie de nulle part le met mal à l’aise. Pourtant, il me semble très important de mettre cela au clair avant d’engager toute autre conversation, ne serait-ce pour qu’en privé je ne continue pas de l’approcher comme s’il était un inconnu. Il n’en est pas un et, dans mon cœur, il ne le sera jamais quoi qu’il arrive. C’est pourquoi je préfère que nous en parlions, surtout qu’il m’a laissé le soin de prendre la parole en premier.

Ce n’est que lorsque je suis de retour auprès de lui et que j’ai servi le thé dans chacune de nos tasses que j’entends sa voix. Elle est basse, pourtant je la comprends très nettement. Le silence aide à cela, tout comme la clarté qui la fait joliment tinter tel un carillon.
J’ai bien failli lâcher la théière que je pose sur la table en comprenant sa proposition et ce qu’elle signifie. Je ne m’y attendais pas du tout. Surtout que je ne m’étais pas autorisé à le nommer ainsi avant sa mort. Est-ce une manière pour lui de me dire combien je suis proche de lui. On ne peut plus heureux, je lui offre un magnifique sourire et m’approche de lui. Je remarque au dernier moment qu’il tient entre ses mains la tasse que je lui ai offerte, m’empêchant de le prendre dans mes bras. Je me contente donc de m’asseoir à ses côtés et de poser une main sur son bras pour lui répondre avec émotion :



Tant et si bien que j’en perds mes mots. Je vais devoir me reprendre si je veux engager d’autres sujets maintenant que ma curiosité a été satisfaite. J’aimerais beaucoup lui parler de mes sentiments, lui faire comprendre que je ne le vois pas que comme un petit frère, que ce soit de ma famille proche ou du clan. Toutefois, ce dernier a besoin de notre attention. Aussi, puisqu’il a les souvenirs de Wei Wuxian et qu’il me semble avoir compris que ces derniers sont aussi prenant que ceux de Lan Zhan juste avant, je me demande…



Je ne peux pas lui promettre que sa volonté pourra être possible. Toutefois, je préfère que nous en discutions avant de prendre une quelconque décision. En attendant sa réponse, je bois une gorgée de mon thé, espérant que A-Lei acceptera de manger un peu en plus de parler avec moi.

Je me doutais que la question allait demander un certain temps de réflexion. Je le lui laisse donc sans montrer la moindre impatience à ce propos. Ce qui n’est pas la même alors que je constate qu’il ne mange toujours pas. N’a-t-il pas vu les en-cas que j’ai ramenés plus tôt ? Ou n’a-t-il pas faim ? Je pense que je ne parviendrais pas à me sentir rassuré tant que je ne l’aurais pas vu manger, voire grignoté, un minimum.
Avant que je ne puisse esquisser le moindre geste destiné à déplacer devant lui le petit plateau de gâteaux, il m’avoue avoir une première volonté destinée à nous rendre les armes de Wei Wuxian. Je hoche la tête, me disant que si cela n’était pas le cas il n’aurait peut-être pas pris le risque de me les montrer. Quoique… S’agissant de A-Lei, j’ai un petit doute sur la question, d’autant plus qu’il s’agit de la meilleure preuve qu’il puisse donner que nous avons un ou plusieurs traîtres au sein du clan GusuLan. Par contre, pourquoi estime-t-il n’avoir aucune autre arme pour se battre ? Il lui reste… Ah. Oui, effectivement. Sur le coup, j’ai oublié qu’il n’est pas rentré aux yeux du clan endeuillé de sa mort. De ce point de vue, il est bien trop difficile de lui rendre ce qui lui revient de droit. Sans compter qu’il s’agit d’un précieux trésor que nous avons laissé au Zhongzhu blessé et affaibli par cette absence soudaine à ses côtés. D’autant plus que son ami nous empêche de lui rendre visite autant que nous le voudrions…

La proposition faite pour pallier à tous les problèmes exposés, A-Lei propose de lier une alliance entre lui et le clan afin que, en toute amitié naissante entre nous, il puisse nous emprunter Chengqing. Ainsi, nous pourrions rester à tout moment en contact tout en le laissant avoir une arme qu’il puisse utiliser. Toutefois, j’en viens à me demander pourquoi il estime ne pas pouvoir avoir une autre arme ou, comme il l’avoue par la suite, pourquoi il ne pourrait pas cultiver à nouveau afin de se passer du Yuan Qi. Sérieux, un peu anxieux de la réponse que je pourrai obtenir, je lui demande :



J’aimerai également en savoir plus en savoir sur la question de cette alliance. Comprendre un peu plus l’idée qu’il a derrière la tête. Toutefois, il me semble avant toute chose important de mieux comprendre sa situation actuelle. Je doute qu’il veuille entrer sur le chemin du Yuan Qi juste pour suivre le chemin de Wei Wuxian. Ce n’est pas son genre. Je ne vois donc qu’une seule autre possibilité et celle-ci me glace le sang. Il n’est pas bon que je saute aux conclusions. C’est pourquoi je ne m’attarde pas sur mes hypothèses. Du moins, je fais au mieux pour ne pas tomber dans ce piège.
Attendant qu’il parle et écoutant sa réponse, je prends l’assiette de gâteaux pour la lui présenter. J’ai également besoin de faire taire cette inquiétude afin de mieux me concentrer sur le reste. C’est important, autant si ce n’est plus que le reste.

Je me sens à moitié rassuré de le voir prendre un gâteau sans que j’ai à insister davantage. J’imagine qu’il doit se concentrer sur la réponse à me donner concernant mes interrogations sur son état pour pouvoir manger. J’attendrais donc d’en savoir plus avant de m’en préoccuper plus. Je ne voudrais pas le forcer ou me montrer impatient. Le braquer alors que nous venons de nous retrouver… Il ne manquerait plus que je réveille Wei Wuxian et me prenne une violente remontrance à cause de mon inquiétude pour l’homme que j’aime. Chaque chose en son temps.

Dans cette optique, je lui laisse le temps de m’expliquer la situation originelle du propriétaire du corps qu’il a adopté. Un membre d’un clan détruit. Etait-ce Yunnan Juhua ou un autre ? De crainte de lui faire prendre le fil alors qu’il est bien parti pour répondre à mes questions, je garde ma curiosité secrète. Je fronce toutefois les sourcils alors qu’il me donne la bonne nouvelle de la création de son Jindan quelques semaines auparavant. Si tel est le cas, comment se fait-il qu’il ne se tourne pas vers la cultivation au lieu de penser au Yuan Qi ? Quelque chose ne va pas et cela me donne la sensation qu’un danger nous guette. Peut-être même que nous pourrions être séparés de nouveau ! Non… Puisqu’il met un point d’honneur pour voir le futur d’une manière positive, il n’y a aucune raison pour que j’ai peur de cela. Tout va bien, Tianci, laisse-le tranquillement continuer son récit.

Grâce à cette patience que je me force à adopter, j’apprends que tout a basculé huit jours plus tôt. Une rencontre avec l’ancien maître de Yù. Alors même que je parviens à me contenir afin de l’écouter me décrire l’état de cet homme, elle sort malgré moi alors qu’il parle de prévenir son ami et protégé. Comment puis-je l’informer que nous n’avons pas été capable de le garder à nos côtés, en sécurité, puisqu’il est parti sans rien dire à personne ? Concernant le fait de demander de l’aide à Yishi Shifu, je n’ai pas de problème. Le seul problème concerne le jeune fugueur pour lequel il s’inquiète bien que je l’invite à continuer ce qu’il me disait.
J’ai mal réagit. La preuve en est qu’il ne peut plus détacher son attention de l’état du jeune homme, s’inquiétant fortement de sa situation, notamment au sein du clan maintenant qu’il a disparu. Je m’en veux…

Doucement, je me rapproche de lui pour lui prendre une main avec tendresse. Le regardant dans les yeux, je tente de l’apaiser par le calme que je souhaite lui transmettre. Par mon attitude et par l’intonation de ma voix alors que je prends la responsabilité de lui apprendre les mauvaises nouvelles :



Je laisse un instant de silence pour lui donner le temps de se remettre un minimum avant de lui annoncer :



J’espère y avoir été en douceur pour l’amener à reprendre le fil de son explication tout en lui promettant de parler ensemble des autres sujets. J’ai besoin de comprendre pour mieux l’aider. Toutefois, je me sens tellement inquiet, même si je le cache plutôt bien, pour être certain de trouver les bons mots qui puissent l’amener à trouver le calme nécessaire à la concentration.

Je connais assez A-Lei pour lire en lui, ses expressions, mieux que n’importe qui d’autre. Sauf peut-être son père et nos amis. En tout cas, assez pour déceler toute l’inquiétude que je fais naître en lui alors que j’aimerais pouvoir l’apaiser. Enfin… dans une situation telle que celle-ci c’est sans doute une chose impossible à faire dans la mesure où la conversation a dévié justement à cause de cette émotion souvent présente dans nos cœurs quand nous faisons partie d’un clan. J’aimerai pouvoir le préserver, lui donner un moment de répit bien plus long que cela. Pourtant, je ne compte pas lui mentir ou lui cacher quoi que ce soit. Je lui donnerai seulement les informations petit à petit, assez progressivement pour qu’il ne tombe pas dans les pommes à cause de la trop grande quantité d’anxiété que l’accumulation des nouvelles ferait.
Ainsi, je lui apprends que Yù a disparu quelques jours après son enterrement et qu’à cause de la situation dans laquelle se trouve le clan je n’ai pas encore été en mesure de monter un groupe de recherche pour essayer de le trouver. J’ai beau lui promettre de faire mon possible pour le retrouver rapidement, je ne peux que constater combien il est secoué par la nouvelle que je viens de lui donner. Ce n’est pas très étonnant quand on y pense. Il est celui qui a ramené ce petit au sein du clan et a veillé sur lui depuis. Ils étaient inséparables et, pour les autres, il a toujours été très difficile d’approcher ce petit nouveau craintif et méfiant. La disparition de A-Lei a simplement brisé nos espoirs de nous rapprocher de lui malgré toute notre bonne volonté, d’autant plus qu’il ne nous a donné aucune chance non plus… J’ai l’impression de me donner des excuses, je n’aime pas ça.

Je m’en veux d’avoir totalement ruiné les bienfaits de sa récente sieste. Je m’en veux de l’inquiéter autant alors que je souhaitais lui donner un moment de répit, surtout après autant de temps à voyager depuis le palais impérial. Un voyage extrêmement stressant à cause des possibles avis de recherche qui circulent les concernant. A mon niveau actuel, je ne peux que lui offrir la vérité et du calme, en plus de l’assurance que je l’aiderais quel que soit le problème. Bien sûr, tant que mon Shushu n’ira pas mieux je devrais également faire attention au clan. Pourtant, ma priorité reste lui.

Ma demande de terminer son explication n’a pas l’air de lui plaire. Je le comprends, toutefois il nous sera plus simple de nous pencher sur ses questions et de trouver des solutions si notre conversation est mieux clôturée que cela. Je crains que ne pas avoir l’entièreté de sa situation en tête ne me permette pas d’avoir des solutions viables à lui proposer, bien qu’il me semble avoir bien compris qu’il lui est impossible d’utiliser une épée spirituelle. Sinon pourquoi ne pas réclamer ses armes ou reprendre Suibian en plus de Chengqing ?
Malgré tout, il me répond après avoir pris le temps de prendre une gorgée de thé. Je note également qu’il semble plus prompt à avoir des migraines. Est-ce dû à son état ? Et si c’est le cas, en plus de cela il compte l’impossibilité de redevenir un cultivateur comme il le fut avant sa mort dans la mesure où leur attaquant lui a brisé son Jindan. Sans y penser, malgré mon air calme, mes doigts serrent les siens sous le coup de l’émotion. Comment cela a-t-il pu arriver ? Pourquoi lui ? Qu’a-t-il donc fait pour subir autant de souffrance ?! Que puis-je faire pour alléger un peu le poids de ses fardeaux ? En tout cas, je comprends bien mieux pourquoi il ne parvient pas à trouver d’autres solutions que le Yuan Qi pour le moment. Je n’aurais même pas fait de même à sa place, sans doute. Il est tellement fort, plus qu’il ne pourrait le croire, sans doute.

Une fois certain d’avoir fait le tour du sujet et que j’eus bien compris sa situation actuelle, il reprend le sujet que nous venons de quitter. A savoir, la disparition de Yù et l’état du clan. Maintenant son regard comme toujours, j’écoute ses questions et réflexions. Son inquiétude porte également sur l’état de son père, sans surprise. Tendrement, je serre un peu ses doigts dans les miens et réponds avec douceur :



Je prends une légère inspiration, pensant à mes mots pour essayer de ne pas trop te secouer sans te cacher la réalité des événements avant de reprendre doucement :



Je prends quelques instants pour lui laisser un peu de temps pour digérer les nouvelles avant de lui demander doucement :



Je n’ai que moyennement réagi à ce moment-là, mais je me demande ce qui peut bien se cacher derrière son enlèvement et la manière dont il est réellement mort. Après tout, il a laissé entendre que ce n’était pas si simple que cela. J’aimerais également savoir ce qu’il en est pour prendre des mesures dans le cas où cela pourrait se passer à nouveau. On veut nuire au clan. Je l’ai bien compris. J’aimerais toutefois éviter de nouveaux sacrifices ! C’était bien trop choquant tant on ne s’y attendait pas.