C’est un hochement de tête qui répond à ma question avant toute autre chose. Il a une allure honteuse depuis tout à l’heure, bien qu’il ait relevé la tête pour me répondre. Sérieusement, j’ai l’impression de l’accabler ou de le blâmer, c’est extrêmement désagréable… Malheureusement, le moment est très mal choisi pour le lui dire.
Et maintenant j’ai devant moi la pire des têtes de mules qui soit. Je ne crois pas avoir vu aussi borné que lui dans ma vie. D’un autre côté, c’est normal qu’il ne puisse pas voir ses qualités sans les avoir vues à l'œuvre d’une meilleure manière.



Dire qu’après ça je vais devoir aller trouver mon oncle. La conversation risque d’être folklorique. J’y pense en prenant une gorgée de thé. La dernière. Je sens que, comme ma tasse de thé, cette conversation est sur le point de se terminer. Personnellement, j’ai dit tout ce que je devais et j’ai tous les éléments dont j’ai besoin pour mieux le diriger. Ah ! Quoique…

Quand j’ai sa réponse, qu’elle soit verbale ou non, lui laissant le loisir de s’exprimer, je lui demande :



Que ce soit maintenant ou plus tard, cela m’importe peu du moment que nous le faisons avant de partir en chasse. Je me demande ce que mon oncle a prévu à ce propos. Sans doute le saurais-je quand je lui aurais fait part de la nouvelle de mon arrivée dans le groupe. Encore une fois, je redoute cette première rencontre…

Je suppose que je devrais être content que Lei-An accepte au moins mes conseils. Peut-être y réfléchira-t-il à tête reposée. En tout cas, c’est tout ce que je peux espérer pour le futur. Quant à ma question, la réponse que j’obtiens n’est pas mauvaise du tout. Encourageante, même. Je lui souris donc et lui annonce, un peu désolé alors qu’il me semble déceler de l’animation dans son regard, peut-être un peu d’impatience :



Si seulement il pouvait n’y avoir que ça… Malheureusement, je suis obligé d’admettre que pour qu’il y ait une bonne entente au sein du groupe il va falloir que j’accepte d’avoir une discussion à cœur ouvert avec lui. Que je lui dise ce que j’ai sur le cœur et combien je peine à comprendre comment il a pu autant s’éloigner de sa famille. J’imagine que je devrais m’excuser auprès de lui si ses raisons sont les mêmes que les miennes sans quoi je ne serais pas mieux qu’un hypocrite médisant. Une honte pour notre clan !

En tout cas, je me lève et tend une main à Lei-An pour lui proposer de l’aider à faire de même.



J’attends sa réponse pour être certain que nous puissions nous voir à une heure qui nous convienne à tous les deux puis, souriant, je lui propose un autre câlin chaleureux et fraternel. Un câlin qu'il accepte plus timidement que je ne l'aurais souhaité. Toutefois, c'est tout de même plus chaleureusement que je le craignais que nous nous quittons.

Suite à cela, je vais voir mon oncle qui m'accueille malgré qu'il soit visiblement grandement occupé. Je ne pensais pas qu'il avait autant de travail en tant que Zhǎngwò. Cela ne l'empêche toutefois pas d'avoir une bonne discussion avec moi autour d'une tasse de thé. Finalement, la rencontre se passe bien mieux que prévu et nous nous quittons sur de meilleures relations, bien que je reste encore un peu sur mes gardes le concernant puisque je n'ai pour le moment que sa promesse et son souhait de revenir vers nous petit à petit. Nous verrons bien ce qu'il en est dans le futur.