Non plus un mais trois.
J’aurais pu ne pas me soucier des deux autres arrivées mais je devais être honnête, elles m’avaient surprise. Voir des jeunes du clan de Gusu être présentés devant moi par mon auto-proclamé - plus si auto-proclamé que cela - apprenti était une chose à laquelle je ne m’étais pas attendu pour des membres de ce clan. Une discussion plus tard m'apprit qu’il en voulait à leur maître de ne pas les avoir protégés de cette utilisatrice mais l’échange continuant, cette rancoeur était plus due au fait d’être mort si jeune et d’avoir laissé tant de projets en suspens. J’avais pu les apaiser un peu, leur dire que ce que l’on apprenait parfois en tant que cultivateur ne révélait pas tous les secrets de ce monde. Tous les fantômes n’étaient pas perdus, mauvais ou à occire sur le champs. Certains étaient heureux de leur vie d’entre deux qu’ils ne voudraient pas quitter de sitôt.

Voulant les aider à trouver leur chemin dans cette mort ou trouver les pas menant vers la réincarnation, j’avais rejoins Gusu dans le but de trouver quelque chose pour les consoler mais aussi pour féliciter mon apprentis qui avait eu une première visite dans ce monde passablement… désagréable. Marchant dans les allées du grand marché en plein cœur de Gusu, j’avais fini par m’arrêter devant un stand de douceur coloré : bonbons m’annonçait-on. C’est donc les bras croisés, en pleins dans mes réflexions que j’observais toute ses couleurs en me demandant à quoi cela pouvait bien se rapporter. Cela faisait bien longtemps que je ne mangeais plus rien de ce monde qui ne soit pas du thé ou une fameuse soupe de pousses de lotus. Cela me rappelait quelques souvenirs qui me plongeaient dans une nostalgie telle que si la tenancière du stand me parlait, je l’ignorais totalement bien malgré moi.
Je finis par voir une silhouette proche mais uniquement quand celle-ci s’adressa à moi. Une tenue blanche et j’écarquillais les yeux en voyant ce visage.



Que faisait-il là ? Pourquoi n’avais-je pas senti son réveil ?
Le détaillant un peu plus, je finis par reculer d’un pas avec un sourire d’excuse en écoutant sa réponse, m’inclinant respectueusement devant lui avant de me redresser.



Mon regard se tourna un moment vers le stand, un peu pensif tout en me rappelant de son approche puis je me tournais vers lui de nouveau.



J’écoute avec diligence l’aide qu’il m’apporte et mon regard se pose alors sur son bras blessé et je me souviens alors pourquoi il me semblait si familier outre le fait qu’il ressemble à Li Rong et qu’il dégage une atmosphère que je semblais reconnaître. Il était le maître Lan de ce jour-là face à l’utilisatrice de YuanQi. Dans un sens, j’étais rassuré de le voir ainsi.
Me penchant vers lui pour observer la friandise qu’il me montre, je réponds à voix basse tout près de son oreille, cette affaire ne concerne personne et je ne veux pas le mettre mal à l’aise face à des habitants qui pourraient colporter d’étranges rumeurs sur une situation qu’ils ne connaissent pas.



Je me redresse pour dire à voix plus haute, un peu désespéré par tous ces goûts, ses alliances de sucreries et ces couleurs.



Le fait que j’eu penser à ce genre de chose était déjà assez remarquable en soi, il ne fallait pas non plus que j’aille au-delà de mes capacités n’est-ce pas ? Et s’ils n’étaient pas content de cela, je pourrais toujours trouver un moyen de les faire courir plus vite à la place.

Une méprise plus qu’évidente quand je le regarde, tant il ressemble à Li Rong mais facilement évitable quand je regarde ses traits avec plus d’attention. Il semble plus innocent, plus doux également même s’ils dégagent la même atmosphère dans le fond.
J’écoute avec soin sa présentation bien qu’un peu gêné par ma confusion mais cela ne m’empêche pas de trouver qu’il a été bien nommé. Son nom de naissance est très poétique et s’accorde particulièrement bien au clan de Gusu même si son nom de courtoisie n’a rien à envier à celui-ci.

Je suis rassuré que les enfants aillent bien puisque cela veut dire que le petit protégé de A-Ning que j’ai vu grandir se porte bien également. Que cette chasse leur reste en mémoire ne m'étonne toutefois guère au vu de l’énergumène qui leur à fait face et qui à réussi à me surprendre moi-même ce qui n’est pas donné à tout le monde.
Outre son bras encore en bandage, je capte vaguement celui autour d’un poignet mais il est difficile d’en avoir la certitude tant leur uniforme cache bien la moindre parcelle de peau. Cela étant, même si je ne pouvais pas sentir le piège de cette utilisatrice, je sens parfaitement l’énergie sombre qui colle à mon cadet. Serait-il plus blessé qu’il ne veut bien le montrer ? Auquel cas, que fait-il ici à ce promener plutôt que de se reposer ?



Ma réponse est pensive mais je le regarde faire et demander les assortiments à la tenancière. Je vais pour sortir une bourse de ma poche mais cela est inutile puisqu’il paie la totalité des achats et c’est un peu sans voix que je récupère les trois sachets voulut. Si je vais pour parler, mon geste visant à le rembourser est compris avant que je ne prononce un mot et est catégoriquement refusé. C’est donc docile que je range ma bourse qui est rapidement accompagnée par les sachets de sucreries.
Un léger sourire fleurit sur mes lèvres quand je comprends la raison de ce paiement et j’incline respectueusement la tête, un peu amusé malgré tout.



Je m’incline de nouveau respectueusement devant lui après ma présentation avant de le suivre dans la direction de son choix. Je sais que d’usage, ma présentation n’est pas totalement correcte puisque je ne donne ni mon nom de naissance, ni mon titre et encore moins ma “profession” et j’espère qu’il ne m’en tiendra pas rigueur. Faire ainsi me permet de ne pas trop mentir lors de mes changements de forme quant à la profession, ce n’était pas comme si je pouvais donner la plus proche à un cultivateur.
Je doutais que signaler au bras-droit de GusuLan que j’étais un fantôme du même niveau qu’ils voyaient les démons serait d’un bon effet en plein centre ville. Pas que j’aurais eu la volonté de le dire dans un autre endroit… Je ne peux donc qu’être heureux que Lei-An ne m’ai pas vu lors de cette chasse pour ne pas me trahir. Ah… Je retenais A-Ning et son visage enfantin malgré les années et la mort qui m’avait poussé à accepter de garder son gosse de temps à autre. Quoique, peut-être que cet enfant ne se souvenait pas de moi depuis le temps ?

Je vois bien sa surprise lorsque j’accepte son invitation et je pense me douter du cheminement de son esprit. Je ne montre cependant rien, gardant un fin sourire alors que je continue sur ma présentation puis que je m’incline devant lui légèrement avant de lui emboîter le pas dans la direction qu’il choisit. J’ai beau venir assez régulièrement - entendre ici une à deux fois par an… - je ne connais pas réellement les échoppes qui se cachent dans le marché et à bien aucune idée de l’endroit où il veut m'emmener.
Nous finissons par entrer dans un salon de thé joliment décoré et je le suis vers une table un peu éloignée des autres, endroit parfait pour mener une conversation à l'abri des oreilles indiscrètes. Est-ce que cela signifie que ce salon à l’habitude de ce genre de conciliabule mené par leurs habitués ?



J’avais beau aimer la ville de Gusu, j’évitais les lieux pour ne pas risquer de me faire remarquer. Je pourrais bien changer de forme mais… je n’avais pas vraiment de raison de le faire puisque les affaires ne me menaient que rarement ici. Le clan Lan était plus que compétent après tout même s’il n’était pas forcément le plus peuplé.
Une Guniang arrive et nous passons calmement notre commande. Mon regard se pose de nouveau et intensément sur le plus jeune qui me fait face. Je suis plutôt fasciné par la façon dont quelques mèches s'échappent du bandeau si caractéristique de son clan pour encadrer son visage si innocent. Il a l’air si jeune et pourtant, il est destiné à devenir le chef de son clan.

J’écoute avec attention ce qu’il me dit à propos des cadets, me souvenant que le petit de A-Ning en faisait partie. Avec ses paroles, je supposais que le plus jeune devait être lui et qu’il soit encore plus déterminé ne m’étonnais pas avec ce que j’avais vu sur la colline Luanzang. Dommage que lui souhaiter un “bon courage” à propos de Lei-An serait me trahir parce que je pense qu’il en aurait peut-être besoin sur le long terme.
Après-tout, on parlait de l’enfant qui avait réussi à faire son Jindan grâce aux explications que je lui avais fournies sur mon pouvoir avec les papillons et comment les faire apparaître.



Une histoire qui n’était pas fausse puisque si j’avais observé sans agir dans un premier temps, c’est bien parce que je voyais qu’ils maîtrisaient la situation. Si j’étais resté, c’était toutefois que je ne comprenais pas et cherchais à savoir. Je n’aurais pas pu comprendre toute la situation si j’étais parti combattre en même temps que les autres.
Foutu “collègue” qui ne savait pas rester à sa place.
J’observais quelques minutes de silence qui furent parfaites puisque la serveuse choisit ce moment pour revenir nous donner nos commandes. Je la remerciais d’un léger sourire accompagné d’un hochement de tête avant de reposer mon regard vers mon interlocuteur.




Peut-être qu’il avait de la retenu de parler d’une affaire aussi privée ou de la réserve puisque j’étais un inconnu mais je n’aimais ni laisser ce genre de chose en suspens, ni tourner autour du pot. Sans compter que je n’appréciais pas faire comme si je n’avais rien vu alors que ce n’étais pas le cas. S’il pensait que j’étais un cultivateur itinérant, il pourrait facilement croire que j’avais au moins le rang de maître pour être aussi sensible et comme nos tout premiers mots échangés, je ne l'empêcherai pas d’y croire même si je ne validerais pas. C’était une omission mais je pensais que c’était toujours mieux qu’un mensonge direct.

J’attends que la serveuse parte pour répondre à la question de mon interlocuteur le plus clairement possible. Ce que j’avais cru aller dans un premier temps avait tout de même créé quelques conséquences sur le temps et auquel je devais rester attentif.
Ce n’était pas étonnant d’une utilisatrice ayant passé un “pacte avec le diable”.



Ce n’était qu’une question de patience mais tant qu’il restait chez moi, il ne serait un danger pour personne et n'attirerait pas l’attention de certaines personnes que je préfèrerais éviter.
Encore une fois, je laissais passer un moment de silence, le temps de boire une gorgée de thé et d’en apprécier les arômes que je cherchais distraitement à reconnaître, ayant choisi un thé au hasard.
C’est en allant droit au but par rapport à un autre pans de la situation que se posa ma question. Je regardais sa surprise et me demandais un moment s’il n’allait pas simplement éconduire ma question. Après tout, je n’étais qu’un inconnu et le sujet devait sûrement être délicat pour un cultivateur de son rang.

Je le vois faire un mouvement vers son cou et découvre ainsi les bandages cachés par sa tenue. Une fois les bandages abaissés, une marque de chaîne se fait voir et la surprise se peint sur mes traits. J’avais déjà vu ce genre de chaînes mais ce n’était pas quelque chose qui était à la portée d’un être “vivant”. Lié un contrat avec l’un d’entre-nous pouvait donc donner autant de pouvoir ? Voici qui était très problématique pour le futur.
Me composant un air neutre et concentré, j’écoutais toutefois la suite de ses explications sans le quitter du regard.

Blocage dans la cultivation…
Je hochais sombrement la tête.



Je prends une nouvelle gorgée tout en réfléchissant. J’allais devoir aller rendre une petite visite aux Cieux pour demander quelques renseignements ou chercher dans leur bibliothèque puisque c’était eux qui utilisaient ce genre de chaînes le plus souvent. Nos méthodes de scellage ne ressemblaient généralement pas à cela alors… comment diable a-t-elle pu arriver à un tel résultat ? Est-ce que les problèmes causés par cette calamité étaient en réalité plus compliqués que ce que je pensais ?
Cela ne me plaisait vraiment pas.



Je croise les bras sur ma poitrine, une main repliée sous mon menton dans une intense concentration bien que mon regard reste sur mon interlocuteur. Je ne sais pas faire les choses à moitié aussi, si j’ai proposé mon aide je compte le faire sérieusement. Non seulement parce qu’il s’agit d’un membre du clan Lan que je me suis juré de toujours aider et protéger au maximum de ce qu’il m’était permis de faire mais aussi parce que j’avais l’impression que cela cachait une chose que je n’appréciais vraiment pas.

J’aimerais dire qu’il n’y a pas de raisons à de tels remerciements mais puisqu’il s’agit de recherches et non d’une aide sur le vif pour sauver une vie, je sais que ma phrase pourrait être mal comprise et prise comme une insulte. Surtout que je ne veux en aucun cas expliquer les raisons qui me poussent à aider le clan Lan sans accepter de remerciement en retour. J’incline donc respectueusement la tête très légèrement pour répondre.
J’écoute ensuite la réponse à ma question et je fronce légèrement les sourcils. Une perte de chance ? Vu les énergumènes de là-haut, cela ne me surprendrait pas puisque je les ai déjà vu utiliser les chaînes pour ce genre de choses. Ils ont beau dire de nous, ils sont clairement plus vicieux dans leur système de pensée.
Je soupire légèrement tout en secouant la tête à son excuse dû à un possible égarement. Je ne veux pas le démoraliser mais il y a plus de chance qu’il dise juste que l’inverse même si je ne m’avancerais pas avant d’en avoir la certitude.



Je finis mon thé calmement même si cela peut se montrer assez rapide et repose mes yeux sur mon cadet.




Pour le reste je ne pouvais pas en dire plus puisque ce serait rentrer dans des mensonges inutiles et surtout que j’exécrais au plus haut point.

Il finit par accepté payant les consommations et je me lève en même temps que lui après qu’il eut terminé d’emballer les collations. Je salut légèrement la serveuse s’étant occupée de nous avant de me diriger vers la sortie de l’établissement sans pour autant me hâter. Je ne suis pas spécialement pressé même si je ne compte pas rentrer trop tard.
Nous trouver un endroit tranquille… si je résume la situation, il nous faut un endroit où nous ne serions pas vu et où il ne serait pas suspect qu’un maître du clan Lan entraîne un inconnu. Ça nous retire donc tout ce qui est auberge qui serait un peu malvenu. Les quelques endroits que je connais, même si rarement fréquentais, pourrait être amené à être un lieu de passage de quelques personnes se promenant et donc, cela ne serait pas non plus sécurisant pour sa réputation.
Le fait qu’il reprenne la parole m'amène à me concentrer sur lui et à éloigner mes pensées un moment.



D’une façon ou d’une autre, malédiction ou scellement, cela reste la même base alors ce qui est vrai pour l’un doit l’être pour l’autre. Je ne peux avoir aucune certitude puisque je n’ai jamais vu encore ce cas de figure mais je n’ai pas l’impression de me tromper et de toute les façons, il sera impossible de savoir sans vérifier.
Toutefois, avec sa question, un endroit de lieu bien précis me vient en tête.



Je ne me faisais pas d’illusion sur le fait que même s’il me pensait être un cultivateur, permettre à un inconnu de savoir ce genre de chose et de s’approcher d’aussi près n’était pas vraiment rassurant. La nature humaine était d’être méfiant et je n’avais rien contre cela, bien au contraire en réalité. S’il savait, il ne me ferait certainement pas confiance après tout.
Pourtant, mon aide n’avait aucune arrière pensée et pour qu’il l’accepte, il fallait bien que je fasse en sorte qu’il ne se sente pas en danger avec moi. Au milieu de son clan, il ne risquait rien et en cas de problème, bien d’autres maîtres étaient là pour m’arrêter. Sans compter que si je cachais des mauvais sorts ou énergies sur moi, les alarmes se mettraient à sonner à l’instant même où je passerais les portes en sa compagnie.

Hum… maintenant que j’y pensais, je n’avais plus repasser les portes depuis ma mort. Est-ce que cela était vraiment une bonne idée de le faire pour moi ? Enfin, je pouvais bien aller au royaume céleste sans être remarqué alors pourquoi des mesures humaines me trouveraient ?
Estimant que je ne risquerais rien de toute façon, je continuais à marcher à ses côtés tout en attendant sa réponse.

Je suis soulagé qu’il accepte la proposition puisque c’était bien la seule qui me venait à l’esprit pour éviter les complications que pourrait attirer notre proximité. Resté la grande question de savoir si mon état allait alerter les sécurité de Yushen Buzhi ou non mais je le verrais bien assez tôt et agirai en conséquence à ce moment là si cela devait se passer.
Je m’inclinais respectueusement et légèrement alors qu’il me montrait la direction avant de le suivre bien tranquillement, les mains dans les poches alors que très vite, nous montions les marches.



Malgré ma tenue d’un rouge criard parmi les uniformes immaculés, les regards sont discrets et polis alors que je n’entends aucun murmure à mon encontre sur notre passage. La retenue et le respect des règles du clan Lan… un vrai plaisir parfois.
Je me demandais vaguement si le nombre de règles avaient changé depuis ma première venue. Il y en avait mille si mes souvenirs étaient exacts. Malheureusement ce n’était pas vraiment une question que je pouvais poser sans attirer une quelconque suspicion à mon égard mais peut-être que l’opportunité viendrait plus tard.

La porte finit par s’ouvrir sur un maître de la génération d’avant mon cadet si mon observation est exacte, quelques secondes après qu’il ai frappé à la porte. C’est un regard interrogateur qui se pose sur moi et je le salut respectueusement avant de me présenter.



Je parle à voix assez basse et calme pour être certain que seuls ceux qui m'entourent puissent m’entendre et nous garder ainsi des oreilles indiscrètes. Il hoche la tête d’un air compréhensif avant de nous laisser entrer.




Il semble m’écouter avec diligence avant de réfléchir un moment et de me proposer d’attendre un instant dans la pièce d’à côté pour parler un moment seul avec son cadet ce que j’accepte et peux comprendre. Je suis donc la direction proposer sans broncher et croise les bras tout en me calant contre le mur opposé à la porte que je viens de passer, fermant les yeux pour passer le temps.

*** *** ***

J’ouvre les yeux de nouveau, les plissant dans la direction où j’ai entendu quelqu’un me saluer. Dans mes pensées, je n’avais même pas repéré qu’une autre personne était dans la pièce et cette constatation me fit pousser un soupire. C’est fou ce que pouvait faire l’atmosphère si relaxante de Yushen Buzhi sur moi. C’était toujours la même chose malgré le temps passé sans y mettre les pieds.
Posant mes yeux sur le cadet qui m’a interpellé, je reconnais sans mal le petit de A-Ning et remarque bien rapidement qu’il n’est pas ici en tant que patient mais bien en train de travailler. Depuis la colline Luazang, ce garçon n’arrête t-il jamais ? Je me demande si je dois plaindre ses maîtres alors que moi-même croulait sous ses questions lorsque j’étais amené à le garder quand il était plus jeune.

En parlant de question, la première fuse sans prévention et un sourire suivit d’un rire s’échappe de mes lèvres alors que je le vois soudainement s’incliner devant moi. Bien sûr, les règles de GusuLan… A-Lei à l’air discipliné mais même cela ne semble pas réussir à réfréner sa curiosité. Encore plus déterminé m’avait dit le jeune maître Lan ? Je n’avais aucun doute sur la question en le voyant ainsi.



Il me remercie avant de s'enquérir de mon état puisque nous sommes à l’infirmerie et je lui explique vaguement pourquoi je suis là. Je suis un peu surpris qu’il sache pour son maître mais puisque cela semble bien être le cas, je le rassure en disant que je suis bien là pour la malédiction de ce dernier et qu’il n’a pas à s’inquiéter puisque l’on trouvera une solution. Voici qu’il semble surpris même s’il le cache rapidement. Hum… J’aurais trop parlé ?
Je n’ai pas vraiment le temps de me poser plus de question à ce sujet qu’il dit qu’il lui semble me connaître. J’aurais pu mentir mais cela n’apporterait rien puisque cela finirait bien rapidement par ce savoir avec A-Ning et puis, je n’aime pas les mensonges alors c’est sans hésitation que je lui réponds. Viens, bien entendu, une autre question à laquelle je ne réponds pas cette fois, si ce n’est pas un léger sourire. Ce garçon pose des questions bien trop précises… au moins, il ne fait aucun commentaire sur le fait que je ne dit rien contre sa théorie qui est que je ne suis pas un cultivateur itinérant.



Cela semble lui convenir puisqu’il ne pose plus de questions et c’est à moi de lui en poser une, lui demandant ce qu’il est en train de faire. Apparemment, il n’apprends pas seulement la cultivation à l’état pure mais aussi avec le médecin pour pouvoir soigner ses compères sur le terrain. Est-il au courant qu’il n’a que douze ans et que c’est déjà un miracle qu’il ne soit pas devenu fou à apprendre tant de choses ? Sans compter le fait d’être resté en vie ce soir-là.
Je soupire, je crois bien que A-Ning à créer un monstre avec ce gosse. Enfin…
Je finis simplement par lui dire que l’on risque d’être occupé avec son maître et qu’il ferait bien d’en profiter pour prendre l’air une heure ou deux. Il semble comprendre puisqu’il range son matériel en me demandant de prévenir le médecin avant de partir en me saluant alors que je retourne à la place précédemment occupée.

*** *** ***

Je réfléchis un moment à la présentation de la situation par mon cadet et ce qui lui a été dit. Je ne connais pas ce genre de procédé et j’ai l’impression de marcher à l’aveugle. Je ne veux pas qu’il se fasse de faux-espoir mais d’un autre côté, je ne veux pas l’éloigner d’une possible solution par manque de confiance. Je ne pourrais pas déceler s’il nous mens comme me le demande mon cadet mais je pourrais toujours lui demander à me montrer ses dires pour un minimum de surveillance.



Suite à cela, je le dirigeais vers une autre porte pour qu’il puisse s’installer, lui demandant s’il a besoin d’aide pour enlever ses bandes puisqu’il est limité avec son bras cassé. Une fois cela fait, je vais chercher notre cher cultivateur itinérant qu’il m’explique qu’il a envoyé se faire promener mon élève pour être certain de ne pas mettre notre Zongwô dans l’embarras. Je le remercie donc en lui faisant part de ma volonté de voir par moi-même ce qu’il trouverait ce qu’il accepte avant que nous ne rejoignions Maître Si Yun.

*** *** ***

Finalement, c’est le médecin qui revient me chercher en me conduisant dans une autre salle où le jeune maître Lan m’attends assis sur un lit d’auscultation, quelques bandes déjà retirées.



C’est avec délicatesse que je prends le premier poignet qu’il m’offre, l’observant de près et avec la plus grande attention. Mais sourcils se froncent légèrement en trouvant une toute petite irrégularité sous mes doigts. Déjà ? Un seul mot… “maudit” ce qui ne veut pas franchement dire quelque chose dans ce contexte là.



Il me tend de quoi noter ce que je fais, marquant la signification en face.



Je vais l’autre poignet avec la même infinie douceur mais ne trouve rien cette fois, peut-être aurais-je plus de chance avec les chevilles ? Je préfère toucher à son cou en dernier.



J’attends sa réponse avant de m’accroupir devant lui.
Je fais le même travail et encore une fois, c’est au touché que me viennent les réponses. Cela se précise un peu plus avec les mots “brisé l’or” sur une cheville et “chance” sur la seconde. Je fais sentir les très discrètes boursouflures au médecin avant de me redresser et de noter les mots sur le papier.



Il me manquait les informations que je pourrais trouver sur son cou mais si je devais décrire la malédiction ce serait du genre : le sort devait briser de manière horrible et angoissante le jindan de son porteur. Pour qu’il ne soit plus un cultivateur mais que cela ne soit pas immédiat.
C’était encore plus mauvais que simplement le briser. Quelle horrible femme.





Au moins, le médecin à trancher avant même que mon interlocuteur ne puisse répondre ce qui me tire un léger soupire alors qu’il disparaît dans une autre pièce. Peut-être ne s’attendait-il pas à quelque chose d’aussi… mauvais ? Et encore, j’avais fait en sorte qu’il comprenne que je ne pensais absolument pas que la malédiction aboutirait comme elle était prévue. A moins que je ne me sois mal exprimé ?
J'observais attentivement mon patient du moment.

C’est quand je suis témoin d’actes pareils que je me dis que les humains sont bien plus horribles que nous. Et dire que j’ai moi aussi été humain à un moment donné… Enfin, c’était il y avait un peu plus de cinq cent ans de cela alors il devait sûrement y avoir prescription en la matière.
Mon patient du moment se laisse examiner et même s’il ne décerne certainement pas les lettres, le médecin ne remet pas en cause mes paroles. Au moins, il doit sentir les très légères boursouflures, facilement imperceptibles si on ne sait pas les chercher. J’ai un vague espoir qu’ils me fassent tout de même confiance et donc de ne pas mener de futures recherches pour rien. Ce n’était pas parce que j’avais tout mon temps pour faire les choses et pas mal de temps libre que j’aimais faire des efforts dans le vent. Surtout que je savais où ces recherches allaient m’emmener et je n’aimais vraiment pas aller là-bas.

Je suis plongé de nouveau dans mes pensées en me demandant où dans leur immense bibliothèque je vais bien trouvé ça tout en regardant très distraitement le médecin partir après avoir tranché pour tout le monde. Enfin, qu’il décide cela n’est peut-être pas si étonnant au vu de la tension du jeune maître à chaque fois qu’on le touche.
Sans compter le fait que je n’ai aucune parole rassurante à lui offrir.
Il prend finalement la parole et je lève les yeux vers lui, me concentrant sur ses mots avant de hocher la tête. La perte n’aurait pas été immédiate mais elle aurait été là… Toutefois le fait qu’elle ne se passe pas n’est pas encore tout à fait une certitude. Il fallait attendre… je soupirais un peu à sa seconde question, croisant les bras sur ma poitrine.



Je savais que ce n’était pas très engageant mais je préférais être honnête que de faire de faux-espoir et que l’on m’accuse après d’avoir caché des informations capitales. Après, je n’étais pas un spécialiste ni du médicale, ni des malédictions étant axé totalement sur le combat. J’aurais peut-être dû me trouver d’autres intérêts au fil du temps… mais l’envie manquait.
Hum… je me demande tout ce qu’aurait appris ce gamin s’il avait autant de temps que moi.

Je soupire de nouveau alors que le médecin reviens et je m'incline poliment en remerciement avant de saisir une des tasses de thé sur le petit plateau qu'il tends entre nous.

Amère… je ne cache même pas ma grimace alors que je vois les deux cultivateurs du clan Lan boire sans broncher. Terrifiant… vraiment, ce clan à beau être très doux et à l’écoute, il fait aussi des choses au-delà de la compréhension du commun des gens. Comment peuvent-ils boire une chose pareille sans réagir ?
Je soupire avant de finir tout de même rapidement ma tasse en grimaçant. Je crois que le maître médecin m'a vu puisqu’il sourit… et en plus, il se fout de moi… qu’est-ce que l’on apprend au clan Lan de nos jours ?

Nouveau soupir alors que je pose ma tasse désormais vide sur le plateau posé sur le meuble et croise les bras de nouveau en attendant que mon cadet soit prêt. C’est la dernière réponse que je pourrais avoir de son état. Je regrette que Li Rong ne soit pas là, lui qui est près des cieux aurait sûrement pû tirer des informations supplémentaires en voyant ces chaînes. Il est cependant inutile de compter sur lui puisque j’ignore quand il reviendra alors autant faire de mon mieux.



J’attends qu’il m’affirme que ce soit le cas avant de m’approcher de nouveau de lui, poussant légèrement ses cheveux sur le côté pour me laisser la vision sur sa nuque. Mes doigts doivent être un peu plus chauds que précédemment à cause de la tasse de thé.
Je passe lentement sur chaque chaînon, me concentrant pour ne rien manquer. Il y a bien un début de mot dont je me doute de la signification malgré le peu de lettres dont je dispose. Je laisse mes doigts sur le mot avant de dire en soupirant.



Je fais signe au médecin de vérifier par lui-même après avoir vérifié le reste de son cou au cas où mais ne trouve rien de particulier. Je marque les dernières lettres sur le papier et mes hypothèses sur ce que devait être ce mot : destruction ou annihilation, les deux mots ayant le même début dans cette langue ancienne utilisée.
Je regarde le papier pour bien être certain de tout retenir avant de croiser les bras et de regarder un moment les deux cultivateurs.



C’est peut-être une façon un peu cavalière de demander congé alors que c’est moi qui ai proposé mon aide mais une pensé envers mes “apprentis” me fait rappeler qu’il ne serait pas une bonne chose de les laisser ensemble sans surveillance trop longtemps si je ne voulais pas retrouver ma ville sans dessus-dessous.
Les enfants étaient véritablement pénibles parfois.