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13 juin de l'an 8 - Village dans la région de Gusu

Comment diable avons-nous pu en arriver là ? Cela n’aurait jamais dû arriver. Rien ne laissait présager une telle catastrophe. Pourtant…

Aujourd’hui, nous avions prévu, avec mon groupe, d’aller dans un village éloigné du clan pour régler un problème récurrent de cadavres. En soi, une mission qui n’avait rien de difficile et, en tant que maître, j’étais là pour protéger tout le monde en cas de problème. Les cadets qui me suivaient depuis maintenant quelques mois minimum connaissaient mon fonctionnement et pouvaient deviner que je ne disais rien qui soit inutile quand je leur faisais le topo de la mission. Cela me facilitait la tâche à bien des égards. La seule différence, cette fois, était la présence du jeune cadet Lan Lei-An, âgé de douze ans, qui a demandé à m'accompagner afin de pouvoir constater de ses propres yeux le déroulement d’une chasse nocturne. En soi, je n’étais pas contre l’idée, surtout face à la facilité de celle du jour. Je suis donc allé demander à mon père son avis et son autorisation surtout. Pour cela, j’avais de solides arguments comme la grande connaissance du jeune homme ainsi que ses capacités par rapport aux jeunes de son âge. Si j’avais été une personne de l’extérieur, j’aurais sans doute pensé qu’il s’agissait déjà d’un cadet confirmé et non un apprenti n’appartenant à aucun groupe. De plus, force était de constater que la mission prévue était tout à fait de son niveau. Cela dû suffire avec ma promesse de le ramener en un seul morceau. Ainsi, nous pûmes aller dans le village que nous avions prévu.

En chemin, tout en marchant, nous avons discuté de la mission et, comme nous en avions l’habitude, nous avons construit des hypothèses réalistes sur les événements. Ainsi, sur place, nous n’aurions plus qu’à confirmer ou infirmer ce que nous pensions et ajuster nos plans en conséquence. Tout en faisant cela, j’ai testé les connaissances de Lan Lei-An et je lui ai également demandé son avis sur les différentes questions qui se posaient. Malgré quelques réticences face à sa présence, l’ambiance du groupe était bonne et détendue. Cela me fit plaisir et je pus espérer que cela signifiait que tout se passerait bien lors de la chasse.
Au village, je pris le plus jeune avec moi et laissai les autres parler aux villageois pendant que je rencontrais le chef. Notre rendez-vous se trouvait à l’auberge afin que nous puissions nous restaurer et échanger nos informations avant de passer aux choses sérieuses. Les informations que je pus récolter furent assez maigres puisque nous n’eûmes pas plus de détails que ceux listés dans l’ordre de mission. Cela me parut étrange, mais je n’en montrai rien pour ne pas alerter le cadet m’accompagnant ni laisser penser à mon interlocuteur que nous ne pourrions rien faire pour eux. Pour autant, j’étais pris d’un mauvais pressentiment. J’espérais vraiment que les autres membres de mon groupe auraient plus que cela sans quoi je n’étais pas sûr de pouvoir continuer ainsi.
A l’auberge, nous retrouvâmes les autres et nous nous assîmes à une table pour commander à manger. Tout en mangeant, les jeunes m’apprirent quelques rumeurs apprises auprès des villageois à propos d’un chemin sur lequel beaucoup de cadavres se montraient. Cela concordait avec la mission. En analysant un peu plus la situation et ce que nous savions sur la configuration des lieux, il apparut qu’il y avait un cimetière non loin de la zone indiquée par les rumeurs. Finalement, ce n’était sans doute qu’une chasse aux rôdeurs et je me faisais du mouron pour rien. Voilà pourquoi je pris la décision que nous chasserions le soir-même.

Jamais je n’aurais dû prendre une telle décision. Je regrette tellement de ne pas avoir pris en compte mon mauvais pressentiment.
Au début, tout se passait bien. Tout était calme et nous trouvions quelques rôdeurs par-ci, par-là, qui ne posèrent pas le moindre problème. Rien d’étrange n’était à signaler jusqu’à ce que, quasi-soudainement, nous nous retrouvâmes totalement encerclés par des centaines de cadavres. J’ordonnai alors à Lan Lei-An de rester près de moi et donnai quelques ordres à mes quelques disciples selon leurs compétences. Tous m’écoutèrent sans rechigner et le combat commença. Usant de mon Qi, je fis virevolter mon épée autour de nous, tuant bon nombre de cadavres au passage, tout en jouant du guqin pour protéger les arrières des cadets. Nous aurions pu penser que nous nous en sortions bien, un ou deux jeunes le dirent même à voix haute donnant ainsi du soulagement aux autres. Pourtant, personnellement, je voyais combien nous étions submergés. Nous allions rapidement nous épuiser et, pire que ça, nous n’avions aucune retraite. Si je ne fis pas part de mes observations, ce fut pour ne pas faire baisser le moral de mes troupes. Celui-ci était déjà bien trop précaire, tout comme notre situation, pour que je puisse prendre ce risque.
Après un moment, alors que nous étions tous épuisés par le combat incessant, que nous espérions l’arrivée des secours que nous avions appelés d’une fusée de détresse, une femme vint nous faire face. Deux cadets la chargèrent dès qu’il fut avéré qu’elle était une utilisatrice de Yuan Qi. Je n’eus pas le temps les arrêter qu’ils furent tués sans aucune pitié tandis que, plus loin, un autre se faisait gravement blesser avant d’échouer contre un arbre. Quant au dernier membre de mon groupe, il avait l’infection des cadavres. Sans moyen de le guérir, il deviendrait rapidement comme tous les rôdeurs que nous nous évertuons à chasser et à purifier. La situation ne pouvait être plus critique. Pourtant…

Oui, pourtant, le combat que nous menons toujours avec Lan Lei-An ne semble avoir aucune issue. J’ai beau le protéger comme je le peux, nous sommes bien trop submergés pour que je puisse le garder en un seul morceau. Je compte moi-même un bras cassé et un bon nombre de blessures qui, de prime abord, ne semblent pas graves mais qui me font perdre beaucoup de sang sur la durée. Si seulement les cadavres pouvaient cesser d’affluer, cela pourrait nous donner une chance, même infime ! Mais cette utilisatrice ne cessant jamais de jouer, je doute que cela puisse être possible. Je commence alors, tout en gardant un oeil sur le cadet qui m’a été confié, à m’attaquer plus ouvertement à cette femme. Mes assauts commencent tout juste à faire mouche quand je sens une main au niveau de mon Jindan. Je ne comprends pas tout de suite. C’est la douleur qui me fait reculer. Ai-je évité le pire ? Puis-je espérer que cette “malédiction” dont elle parle n’est que fabulation pour me faire perdre mon sang froid ? J’en prends le risque. Pour le moment, le plus important est de survivre jusqu’à l’arrivée des secours.

Première mission

13 juin de l'an 8 || Village dans la région de Gusu

Les yeux fermés, je médite avec attention devant le mur des règles de mon clan. Encore une fois, le maître qui nous fait cours a demandé à me parler. Encore une fois, on m’a rappelé la différence entre la pratique et la théorie, que j’étais trop jeune pour pousser mes réflexions qui ne fonctionnerait pas sur le terrain. Ce sont des maîtres, je comprends leur raisonnement mais…
J’ouvre les yeux sur les règles devant moi. J’aimerais mieux comprendre. Je sais que je n’ai pas l’âge et l’expérience pour aller sur le terrain mais comment puis-je comprendre à quel point mon système de raisonnement est faux si je ne peux pas le voir de mes propres yeux ? Comment faire évoluer mes déductions et façonner mon apprentissage si je ne comprends pas comment je me trompe ? C’est pour cette raison que j’avais demandé à maître Sī Yún s’il pensait que ce soit possible que je l’accompagne lors d’une chasse nocturne. Je ne voulais pas le déranger ou mettre mon clan en danger mais je lui avais posé tout de même la question, aussi pour voir ce qu’il en pensait.

J’aimais beaucoup parler avec mon maître. Il était compréhensif et ne jugeait jamais le fait que j’appréciais oncle Ning et que je cherchais à comprendre les cadavres féroces ou trouver un moyen de les appréhender différemment qu’en les purifiant simplement.
Il avait donc pensé à ma demande et m’avait dit qu’il demanderait. Je devais avouer que j’étais un peu impatient de savoir si je pourrais l’accompagner, le voir faire.

Des bruits de pas et il m’informe de la décision et de la réponse de notre Zhongzhu. C’est avec une grande concentration que j’écoute ses recommandations. Je garde toutes les informations en mémoire et pose les questions qui me semblent importantes avant que nous nous quittions et que je prépare mes affaires en prenant en compte les conseils que l’on m’a donné.
C’est un peu tendu que je rejoignais le groupe et que nous commençons le voyage sous les explications de maître Sī Yún. J’écoute avec soin, observant la dynamique de ce groupe que je ne connais pas. J’observe beaucoup mon maître, voulant en apprendre le plus possible sur sa façon de faire et ce que je pourrais faire pour aider malgré que je les accompagne essentiellement pour observer.

Je rougis légèrement quand mon maître me demande mon avis sur la situation. J’analyse avec soin la situation afin d’être le plus précis et le plus soigneux dans l’étude de la question que l’on me pose. Je ne veux pas que ma présence soit un poids supplémentaire sur cette équipe qui semble un peu tendue d’avoir un cadet de mon âge dans leur groupe.
Nous arrivons dans le village et je suis les ordres de Shuì shuǐ jun avec soin, le suivant tout en me concentrant et en écoutant attentivement. Je me tiens le plus droit possible, ne voulant pas porter le déshonneur sur mon clan et embarrasser mon maître.

L’homme que nous sommes allés rencontrer, le chef du village, semble simplement répéter ce que Shuì shuǐ jun nous avait déjà dit peu avant. Est-ce que c’est toujours ainsi ? Je regarde un peu mon maître dans le signe d’une réponse mais il semble calme et serein ce qui me rassure. Cela doit se passer ainsi habituellement et je salue poliment quand nous partons, très curieux de savoir comment nous allions faire pour mener à bien cette chasse. Les maîtres ont raison, la théorie et la pratique sont deux choses bien différentes et les livres ne suffisent pas pour appréhender les traques nocturnes.
Calmement, nous rejoignons les autres à l’auberge et j’observe les environs tout en faisant bien attention de ne pas m’éloigner. Installés autour du repas, je reste dans mon analyse et mon étude. Je ne suis pas légitime pour parler sur cette chasse et dans le fond, je ne sais pas ce que je pourrais y apporter. Je réfléchis sur le fonctionnement de cette chasse et de chacun de ses membres, sur comment ils pensent et réagissent. Je suis vraiment content que le zhongzhu m’ai permis de les accompagner pour que je puisse mieux comprendre les réflexions des maîtres enseignants.

Il est convenu que la chasse se passe durant la soirée et c’est avec une grande interrogation que j’observe Shuì shuǐ jun, lui demandant silencieusement s’il accepte que je les suivent jusque là, s’il n’y a pas de risque que ma présence les mettent en danger.
L’accord donné et un réconfort de la part de mon maître, c’est avec plus de soulagement que je les accompagne et que je me concentre sur mes propres capacités qui pourrait être utile à la chasse sans risquer de mettre les autres dans une situation périlleuse. Savoir que Shuì shuǐ jun me soutiens et a confiance en moi pour participer à cette chance me rassure et me donne confiance. Je sais que mon maître ne m’a pas donné l’autorisation de venir si ce n’était que pour me faire plaisir et si je n’avais pas les capacités de faire quelque chose.

Je ne suis pas impressionné face aux cadavres, ayant souvent accompagné oncle Ning quand j’étais même si le fait que ce soit loin de la colline funéraire me fait rester aux côtés de mon maître. Je préfère ne pas faire d’impair et ne pas m’éloigner puisque c’est la première fois que je me bats sur le terrain, ayant seulement observé mon oncle sur la colline.
Soudainement, une envie de vomir me prend et je me stoppe malgré moi sous la sensation désagréable mais pas inconnu.

Shuì shuǐ jun… Je… c’est un peu comme sur la colline funéraire dans les endroits les plus sombres…

Je n’arrive pas à faire fondre mon malaise même si je tente de ne pas me laisser distraire mais… c’est à ce moment-là que tout bascule. C’est un peu comme quand on claque une porte et que l’on se retrouve dans un endroit totalement différent que la pièce que l’on vient de quitter.
Nous sommes totalement encerclés et je fais de mon mieux pour ne pas être un poids et que mon inexpérience sur le terrain crée un danger supplémentaire. Dans cette résolution, j’obéis bien à chaque demande de Shuì shuǐ jun et ne le quitte pas d’une seule semelle.

Une femme. Sa présence me fait frissonner et c’est uniquement parce que mon maître se trouve à mes côtés que je ne recule pas. Je suis membre du clan Lan moi aussi et je veux représenter la fierté de ce clan. J’ai toutefois une expression de surprise en voyant deux membres de notre clan se précipiter sur elle et me rapprocher un peu plus de mon maître en tremblant face à l’horreur qui se montre à nous.
Les actions s'enchaînent et ne nous laissent plus aucun répit. Je fais de mon mieux, tentant d’oublier nos camarades tombés mais n’arrive pas à me détacher de mon maître pour aider les autres. J’entends parfois des cris et peu à peu, les tenues blanches non loin de nous disparaissent de ma vision. Je tremble un peu mais je tente de faire au mieux, ignorant la douleur que vient à certaines blessures et ne lâchant pas Shuì shuǐ jun. Nous avons lancé la fusée de détresse il y a un moment alors, on va finir par nous trouver et nous venir en aide n’est-ce pas ? Non, je ne dois pas me concentrer sur cela. Nous sommes en vie, je dois me battre, c’est la seule chose à faire. Shuì shuǐ jun est là alors… nous y arriverons. Il a confiance en moi pour assurer mes arrières et il me protège alors… j’y arriverai. Quand tout sera fini, on retrouvera les autres. Eux aussi doivent être ensemble et se soutenir même si on ne les voient pas actuellement.

La femme s’approche et je ne peux rien faire, mon maître s’interpose… Mon maître se penche… Les cadavres m’ont éloigné de lui durant l’action.

Shuì shuǐ jun !

Les cadavres ne cessent pas d’affluer et je suis encerclé un peu plus. Mes mains sont en sang de tenir mon épée… Shuì shuǐ jun… pardon, je crois que je ne vais pas y arriver…
Je ressens une vive douleur dans le dos qui me tire un hurlement. Un éclair rouge passe sur le côté de ma vision mais je n’arrive plus à tenir debout. Je vois une silhouette rouge près d’une silhouette blanche. Mes yeux se ferment.

La mort vous nargue

13 juin de l'an 8 || Région de Gusu

Encore avec cette histoire…
Je soupire et observe le messager qui m’annonce qu’une grande concentration de YuanQi se fait dans une région terrestre. Ce n’est pas que je m’en moque mais… je m’en moque complètement. Je n’ai aucune raison et aucune prétention pour sauver ou aider tous les humains. C’est un travail d’officier, pas le mien.

Je me lève et avance doucement vers la sortie, espérant ignorer ce messager pénible quand il prononce le nom de la région concernée. Gusu. Je fronce les sourcils, mes yeux deviennent d’un rouge sang alors que je le fixe du regard.

Pourquoi ne pas m’avoir donné la région il y a une semaine quand vous me l’avez annoncé ?

Il tremble et recule, incertain et observant autour de lui comme pour supplier qu’on lui vienne en aide. Pas de chance pour lui, nous ne sommes que deux dans la pièce. Je soupire, m’en prendre à ce poltron me désespère d’avance et je continue mon idée première avant de sortir de la pièce en l’ignorant.
Me dirigeant vers l'armurerie, je prends Xiǎoyǔ shūhuǎn avant de quitter le manoir pour aller vers le passage qui mène vers les vivants. On m’arrête… ou du moins on tente de m’arrêter mais mon “apprentis” est obligé de me suivre pour me permettre de l’entendre. Haussant les épaules, je lui dit qu’il n’a qu’à faire ce qu’il a envie s’il le souhaite puisque je ne compte pas m’éterniser de ce côté-là du monde.

Le passage se fait rapidement et je suis… aucune direction puisque j’ai oublié de demander le nom du village où se trouve le phénomène. Au moins suis-je entrée dans la bonne région… Je soupire de nouveau avant de prendre le chemin du village le plus près de nous.
Nous mettons plusieurs heures à l’atteindre et mon cher “apprentis” dont j’ai encore oublié le nom s’extasie sur un peu tout ce qu’il voit autour de lui. Il pose beaucoup de questions et son innocence est assez… touchante. C’est sa première fois chez les humains depuis sa mort et il n’a aucun souvenir de sa “vie”.

Le village est atteint et il se calme en voyant un groupe d’hommes en blanc. Le clan Lan… pas étonnant dans la région de Gusu. Je redirige mon apprentis vers une échoppe et commande deux boissons. Il s’extasie sur le goût et je me concentre sur le cadets non loin. Ils demandent des renseignements sur ce village. Une mission ici ? Étrange dans la mesure où je ne ressens pas de YuanQi ici. Je fronce les sourcils ce qui fait taire mon apprenti. Je devrais sentir ce genre de chose, même de manière infime hors cela n’a pas été le cas en me rapprochant du village et même maintenant à l’intérieur.
J’attends donc. Occupant mon apprenti en répondant à ses questions, on finit par suivre à distance et très discrètement le petit groupe. Il y a un maître avec eux alors je ne devrais pas m’inquiéter réellement et être poussé pour les suivre mais le fait de ne pas ressentir d’énergie démoniaque m’intrigue.

Nous finissons dans des bois alentour, leur laissant le chemin et je commence enfin à sentir la raison de leur présence. Des cadavres apparaissent mais je fais taire mon compagnon qui se demande pourquoi on reste encore ici s’ils s’en occupe. Quelque chose ne va pas.
Je grimace et mon élève met un genou à terre. Je lui bouche les oreilles tout en gardant un œil attentif sur la situation. Une utilisatrice de YuanQi… puissante. Oh… non, deux.

Mon regard s’écarquille en voyant deux jeunes charger et soupire de dépit en voyant le résultat. Un dénouement pas surprenant. La situation s’envenime rapidement pour les cadets de Gusu. Je fais comprendre à mon propre cadet de continuer à se boucher efficacement les oreilles avant de récupérer le cadet le plus proche de nous et grièvement blessé à présent. Le mettant entre les bras de mon camarade avant de créer une ouverture pour celui infecté non loin de nous.
Je regarde les cadets.

Allez aux villages, prenez du riz gluant et filez à l’autre village. Mettez-vous en sécurité en attendant vos maîtres. Ne faites pas confiance aux villageois de ce village, faites le plus vite pour partir rapidement.

Je les laisse filer en couvrant leur arrière et bloquant la route au second utilisateur de YuanQi qui décide de rester à sa place. Je n’ai pour autant pas le temps de me soucier plus de son cas que le dernier cadet restant semble en difficulté avec son maître. Sortant mon épée, je me fais un passage vers l’apprenti mais trop tard puisqu’il hurle de douleur et s’effondre au sol. L’atteignant finalement, je le hisse sur une de mes épaules avant de continuer d’éclaircir les lieux jusqu’au maître qui ne semble pas très bien. Déjà, une trace noir semble se former sur son cou du peu que je peux voir.

Je veille à vos arrières. Ca ira où on s’aménage un replis ?

J’ignore ce qu’il a en tête et s’il a conscience de la présence du second utilisateur qui se concentre plus sur sa dissimulation que sur son attaque mais il reste une potentiel menace. Moins que celle devant nous qui doit être son professeur.
Cette femme est une erreure de la nature et elle semble être très fière de cet état de fait. Raclure.

Je lance un regard en coin vers le maître Lan. S’il s’en sent capable, peut-être serait-il plus judicieux de se débarrasser de cette femme tant que l’opportunité se présente plutôt que de lui laisser l’occasion de faire pire plus tard.
Une épée de Damoclès qui pèsera sur des innocents… prendra-t-il ce risque là ?

13 juin de l'an 8 - Village dans la région de Gusu

La douleur au niveau de mon dantian est immense. Au point que je tiens à peine debout après m’être éloigné de mon ennemi et que je pose un genou à terre le temps d’une seconde. Un cri. Un appel. Lei-An m’appelle. Sauf que sa voix est plus lointaine qu’elle ne le devrait. Je me relève rapidement malgré mes jambes de coton et cherche mon cadet des yeux. Malheureusement, impossible de le voir, ce qui crée en moi une vague de panique que je m’efforce de réprimer de tout mon être. Je dois me concentrer pour reprendre le contrôle de mon épée tombée au sol et, peut-être, utiliser quelques techniques pour au moins brider les mouvements de cette femme dangereuse. Et, surtout, pour retrouver, regrouper et sauver mes cadets. Je suis responsable d’eux, mon rôle est de leur apprendre les ficelles de la cultivation, mais aussi de les ramener en vie à Yushen Buzhi. Abandonner n’est pas une option. Je ne me le permettrai pas, jamais, jusqu’à ce que j’ai mené ma mission à bien !

Alors que je parviens enfin à me tenir sur mes deux jambes, je remarque que le nombre de cadavres m’entourant a grandement diminué. Qui ? Pourquoi ? Depuis quand ? Je ne connais pas l’homme qui se fraie un chemin jusqu’à moi. Habillé de rouge, ses longs cheveux attachés sur le côté, il avance vers moi en portant Lan Lei-An sur son épaule. Son regard me donne un petit frisson et quelques sueurs froides, mais, puisqu’il ne semble pas vouloir causer de problème, je laisse ce détail de côté. Mon attention se porte sur le plus jeune qui semble blessé. En soi, il ne s’agit pas d’une blessure mortelle, bien qu’il mettra sans doute un peu de temps pour s’en remettre. Sans doute le même que celui pour surmonter le traumatisme de cette mission désastreuse, sans doute. Ce qui est certain, c’est que je peux être soulagé de le savoir en vie et relativement en sécurité. Tout dépend de ce que compte faire cet homme, maintenant. Portant une partie de ma concentration sur l’utilisatrice du Mo Dao, je prête une oreille à la question qui m’est posée. Je lui suis reconnaissant de bien vouloir assurer mes arrières, surtout que je doute pouvoir m’en sortir seul. Pourtant…

Je vous prie de bien vouloir emmener cet enfant loin d’ici, je vous prie.

Cette requête, je la formule tout en rappelant mon épée à moi. Adroitement, je l’attrape au vol par la garde de ma main valide, l’autre pendant piteusement le long de mon corps. Impossible de le bouger sans provoquer de vives douleurs qui pourraient fatalement me ralentir. S’en est-il rendu compte pour refuser ma requête ? Je ne peux pas me permettre de laisser cette personne ainsi sans tenter de l’arrêter, tout comme je doute pouvoir lui demander de protéger mon cadet tout en combattant. Pourtant, je suis tout simplement à cours d’option. Réfléchir trop longtemps n’est pas possible non plus malgré l’envie potentielle de l’attaquante de vouloir prendre son temps pour nous tuer. Est-ce qu’elle a une forme de rancune à mon égard ou celle de mon clan ?

Pouvez-vous me certifier que vous pouvez veiller sur cet enfant avant toute chose même en combattant à mes côtés ?

Un allié inespéré. Il est vraisemblablement puissant puisqu’il a créé un chemin avec facilité jusqu’à moi et observateur pour mettre le doigt sur mes faiblesses, bien qu’il ne les mentionne pas forcément. Je soupire et répond avec beaucoup de détermination :

Dans ce cas, aidez-moi à arrêter cette femme.

J’aurais préféré lui demander plus poliment, en lui offrant une formule de politesse pour que cela ne ressemble pas à un ordre. Le temps jouant contre nous, je ne m’embarrasse pas de cela et m’élance vers elle dans l’espoir de réduire la distance. Dans mon état actuel, je ne peux plus utiliser mon guqin qui gît au sol et, vu la douleur qui ne semble croître un peu plus dans mon plexus solaire, je doute qu’utiliser des talismans soit une bonne idée. Il ne me reste alors que ma maîtrise de l’épée. Sans aucune pitié, Leng nù s'abat sur les cadavres et tente d’atteindre l’utilisatrice de Yuan Qi qui semble clairement habituée à faire face à des cultivateurs. Loin de me montrer désespéré, je redouble d’ardeur dans mes attaques, m’adaptant également à mon allier, jusqu’à que je sente une résistance sous le fil de ma lame. Il me faut quelques secondes pour voir du sang couler de la bouche de mon adversaire et me reculer en tenant toujours mon épée. C’était nécessaire. Sans cela, j’aurais laissé un problème énorme en suspens sans savoir s’il serait un jour résolu. Mais… était-ce réellement nécessaire de la tuer ? Debout, je la regarde s’effondrer alors que ses lèvres sont étirées dans un sourire qui me paraît effrayant. Et maintenant… que dois-je faire… ?

La mort vous nargue

13 juin de l'an 8 || Région de Gusu

La réponse est totalement à côté de la question que je pose et je soupire tout en coupant la tête d’un cadavre s’approchant d’un peu trop près. Je peux comprendre son inquiétude mais je n’ai pas vraiment la motivation de mener une grande conversation dans ses conditions. Cette femme à fait en sorte que le YuanQi qu’elle dégage sur la zone ne soit pas ressentis même par une personne ne mon rang et naturellement sensible par cette énergie. J’ignore ce qu’elle à fait et je compte bien faire une recherche là-dessus dès que la zone sera dégagé mais une chose est certaine : cette femme est inquiétante et ne peut pas est laissé sans aucune mesure.

Non.

La situation semble beaucoup amuser la dame qui nous fait face et l’envie de lui montrer toute l'étendue de mes compétences me fait vraiment envie mais je repense au cultivateur à mes côtés et à ceux qui risquent d’arriver très bientôt. Dans le cas où ils me voient faire, il y avait une forte probabilité qui s’en prennent également à moi et c’est une chose que je souhaiterais éviter.
Il semblerait que le jeune maître Lan ne semble pas avoir envie de tergiverser non plus dans cette situation et c’est une chose qui me convient parfaitement. Mener une conversation avec lui ne m’ennuierait absolument pas dans d’autres conditions, surtout que le voir se mouvoir de la sorte malgré ses blessures m’hypnotise assez. Enfin, ce n’est pas le moment de m’extasier et c’est avec un visage serein et emplis de quiétude que je lui réponds.

Je vous en fait le serment.

Je hoche la tête en guise de réponse et me met au travail le plus consciencieusement possible pour protéger au mieux mon fardeau et aider le jeune maître sans pour autant me trahir. Chose assez compliquée face à une adversaire assez retorse. Peut-être le plus grand défis que j’avais eu depuis que j’étais devenu un suprême… me serais-je trop reposer sur mes lauriers ? Probablement, ce qui est assez humiliant en soi. Quand je rentrerai, je prendrai plus soin de cet “apprentis” et m’y remettrai sérieusement.
Elle commence à reculer en voyant le nombre de ses sujets s’écouler et je lui souris d’un air très narquois. Si cela semble augmenter sa rage, ça ne fait que servir mes desseins puisqu’elle perd en contrôle et en réflexion, me permettant de l’acculer jusqu’au mouvement fatal du jeune maître Lan. Tiens, j’avais perdu une occasion d’augmenter ma puissance moi.

La femme s’écroule et je soupire tout en rangeant mon épée d’un mouvement souple, remplaçant une main sur l’enfant pour être certain qu’il ne glisse pas de mon épaule. D’ailleurs, il n’a pas fait mine de se réveiller depuis tout à l’heure… c’est en m’approchant de son maître que je le glisse de mon épaule à mes bras pour le tenir contre mon torse. Oh, tiens, Lei-An… j’en connaissais un qui allait mourir - une seconde fois - d’inquiétude quand il saurait ce que son protégé avait subi. Un soupir profond franchit mes lèvres. Au moins, cet enfant était toujours en vie.
Mon regard se leva ensuite vers mon partenaire de combat du moment. L’endroit empestait encore le YuanQi mais je pouvais en sentir une certaine dose sur lui également. Il y avait aussi cette marque sur son coup que je voyais plus clairement à présent, surtout avec sa tenue un peu débraillée par le combat.

Vous allez bien ?

D’ailleurs… l’autre utilisateur n’est plus là, je ne ressentais plus sa présence.
Enfin, autant se concentrer sur le moment présent, surtout que je devrais bientôt partir pour ne pas être pris à parti par les autres Lan. Soit dit en passant, ils avaient vraiment pris leur temps pour arriver alors qu’on est pourtant dans la région de Gusu. A moins que mon pressentiment n'ait été avéré et que les villageois aient réellement posé problème… Dans ce cas, j’espère que les deux cadets Lan ainsi que le mien avaient pu s’éloigner avant que cela ne devienne impossible.

13 juin de l'an 8 - Village dans la région de Gusu

Je me sens perdu. Ce n’est pas ma première chasse nocturne, que ce soit dans ma vie ou en tant que maître. Je connais donc la marche à suivre, je suis sensé pouvoir prendre les choses en main. Pourtant, actuellement, je suis si transi de douleur et tant focalisé sur ce que je viens de faire que je peine à prendre la situation en main. Je ferme alors un instant les yeux, ressentant ainsi pleinement le poids de la vie que je viens de prendre. C’était nécessaire pour sauver ma vie et celle des cadets toujours en vie. Cela sans parler du village plus loin. Qui sait les capacités de nuisance de cette femme et, de ce fait, le nombre de victimes qu’elle aurait pu faire en plus de celles qu’elle avait déjà faites. Au vu de ce qu’il s’est passé, il est clair qu’elle n’en est pas… n’en était pas à son coup d’essai. Désormais, non seulement elle n’en ferait plus, mais en plus elle ne pourrait jamais se repentir pour ses fautes. Je suis la personne lui ayant retiré ce droit, cette possibilité. Je suis fatigué…

Mon regard se relève en voyant du coin de l'œil un mouvement. L’homme en rouge qui m’est venu en aide a vraisemblablement rangé son épée et porte désormais Lan Lei-An contre lui. Le jeune homme n’est pas plus blessé que je l’ai vu plus tôt et respire. C’est un réel soulagement qui me fait soupirer doucement en baissant mes épaules alourdies. La pression est en train de descendre dangereusement. Je ne peux pas me laisser aller malgré mon état physique et moral puisque je me dois de prendre soin de mon groupe, les ramener à la maison après m’être assuré de leur bien-être. Un bien-être relatif avec ce que nous venons de vivre, évidemment. Quoi qu'il en soit, il est de mon devoir de m’en charger. C’est pourquoi je ne peux pas me laisser aller. Du nerf Qīng yǔ ! Comme pour m’aider à reprendre pied, mon allier me regarde en me demandant si je vais bien. Très sincèrement, non. Je ne vais pas bien. Je suis à deux doigts de m’effondrer. Et s’il me pose la question, sans doute que je dois lui envoyer une image très peu élogieuse. Rapidement, je secoue d’un simple geste ample Lěng nù pour ensuite la ranger dans son fourreau. Je devrais la nettoyer correctement, ma partenaire de toujours. En attendant, je me tourne vers mon interlocuteur et lui répond :

Je vous mentirais en prétendant que c’est le cas. Je vous remercie pour votre aide, gongzi. Sans vous, nous serions tous morts.

J’en suis conscient. Je ne peux pas fermer les yeux sur ce fait et il serait grandement ingrat de ma part de ne pas montrer ma réelle reconnaissance envers cela. Pourtant, nous avons d’autres choses à faire pour le moment. Si nous traînons trop pour soigner nos blessures, celles-ci pourraient empirer, voire mettre nos vies en danger encore une fois. Je tends donc mon bras valide dans l’idée de récupérer Lan Lei-An en cherchant rapidement les corps des membres de mon groupe. Il me semble alors compter deux absents. Je demande donc :

Auriez-vous trouvé deux autres cadets de mon clan ? L’un était infecté par les morts tandis que l’autre s’est fait gravement blesser.

Rapidement, je lui donne une description de ces garçons en espérant aider à la recherche. Je suis vraiment inquiet et je souhaite vraiment qu’ils sont toujours vivants, même si je ne veux pas me faire trop d’espoirs. Je ne sais pas si je pourrais tenir une si grande déception couplée avec la culpabilité qui alourdit secrètement mon coeur. Je m’en veux tellement de ne pas avoir agi avec plus de prudence, de ne pas avoir parlé de mes doutes. Pourtant, si cela était à refaire, sans doute que je n’aurais rien changé. Ou pas grand-chose. Après tout, si je leur en avais parlé, aurions-nous vraiment pu aider correctement ? Aurions-nous pu arrêter cette femme ? Si ce n’était pas moi qui l’aurait tuée, sans doute cela aurait été quelqu’un d’autre. Dans tous les cas, la finalité semble être la même quel que soit mon choix.

La mort vous nargue

13 juin de l'an 8 || Région de Gusu

Le jeune maître Lan à l’air totalement épuisé et je peux capter dans son regard la culpabilité d’avoir pris une vie. C’était pourtant une chose nécessaire. Imprégnée comme elle était, même si tout le clan Lan s’y aurait mis, elle n’aurait pas pu être sauvée. Son âme devait depuis longtemps être rongée par le YuanQi qu’elle utilisait… ce qui est assez inquiétant pour le garçon qui l’accompagnait. Pourquoi n’avait-il pas participé davantage au combat ? Est-ce que leur plan avait été poussé jusqu’à la mort de cette femme ? Le clan Lan s’occuperait certainement des honneurs du cadavre de cette femme alors il n’y avait sûrement pas de quoi s’en faire et moi, je surveillerais qu’elle n’apparaisse pas de notre côté du monde. Cela pourrait être compliqué.
Au moins il est honnête dans sa réponse.
Je hoche respectueusement la tête en réponse à ses remerciements.

J’étais de passage, je n’allais pas simplement fermer les yeux en laissant faire.

Ce qui dans un sens n’était pas faux, le reste n’étant que détails.
Je vois qu’il tend le bras, sûrement pour récupérer son disciple mais ne réagit pas tout de suite. Tant que les autres ne sont pas là, je n’ai pas vraiment de raison de ne pas continuer à l’aider. Surtout qu’il serait compliqué pour lui de tenir le gamin avec un seul bras.
Je le laisse calmement me décrire ses cadets dans l’espoir de l’aider ainsi à faire retomber la pression un peu plus quand je vois des silhouettes blanches approcher. Je lui fourre donc son cadet dans les bras, m’approchant assez pour lui murmurer à l’oreille.

Ils sont dans le village voisin, mon apprenti s’est occupé d’eux.

Je m’éloigne d’un pas après avoir accompagné vers le sol si le poids de son cadet et sa fatigue l’empêche de rester debout.

Ne vous inquiétez pas pour “elle”, vous avez fait la seule chose que l’on pouvait faire.

Sans attendre de réponse, je m’éloigne pour disparaître avant d’être vu par les autres membres du clan Lan qui arrivent.

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